Côte d’Ivoire: le long silence intrigant de Soro Guillaume

Guillaume Soro, président du Parlement ivoirien.

Guillaume Soro, président du Parlement ivoirien. . DR

Le 07/12/2016 à 17h41, mis à jour le 08/12/2016 à 16h34

Après bientôt deux semaines passées au Maroc et à la veille du démarrage de la campagne pour les législatives, le président du Parlement ivoirien s’est muré dans un silence absolu. Une posture suffisamment "assourdissante" pour susciter bien des interrogations.

Les médias ivoiriens tendent inlassablement l'oreille. En vain. Le président du Parlement ivoirien s’est muré dans le silence, lui qui est d’ordinaire si prompt à commenter l’actualité politique, le contexte de pré-campagne pour les législatives devrait l'inspirer. 

En début de semaine, alors que le RHDP, la coalition au pouvoir, présentait ses candidats officiels pour les législatives lors d’une cérémonie en grande pompe, l’absence de Soro Guillaume, le président de l’assemblée nationale, est loin d’être passée inaperçue.

En déplacement au Maroc, officieusement pour raison de santé, celui qui est pour quelques jours encore, le numéro deux de l’exécutif ivoirien n’a pas daigné donner signe de vie, laissant libre cours aux commentaires suite à l’incident survenu à l’aéroport d’Abidjan. D’autant que dans un post sur sa page Facebook, on le voit admiratif devant ce qui ressemble à ville du royaume chérifien.

Guillaume Soro manœuvre-t-il pour la présidentielle de 2020 ?

Rappel de l'incéident en question. Le 21 novembre, «Tieni Gbanani ou l’enfant terrible» comme on le surnomme dans les rues d’Abidjan, se serait vu refuser, selon la presse locale, un des aéronefs de la présidence ivoirienne pour effectuer un déplacement au Maroc et aurait embarqué dans un autre avion affrété par le roi Mohammed VI. Le gouvernement qui n’a pas dans l’absolu, réfuté l’incident, s'est contenté de souligner «qu’un appareil pouvait être refusé pour une raison ou une autre». Ce qui a apporté de l’eau au moulin de ceux qui évoquent un malaise au sommet de l’Etat.

Cet incident serait-il l'élément de trop venu fragiliser un peu plus les rapports tendus (c’est un secret de polichinelle) entre Soro Guillaume et l’entourage d’Alassane Ouattara, si ce n’est avec ce dernier? De fait, Soro Guillaume reste-t-il encore un pion clé du pouvoir d’Abidjan?, osent se demander certains. 

«Soro Guillaume a certes contribué avec sa rébellion à installer le pouvoir actuel, mais à force de lorgner avec insistance vers la présidentielle de 2020, contre vents et marées, il risque de se faire durement rappeler à l’ordre, et cet incident en est un avant-goût», nous a confié un observateur la vie politique ivoirienne.

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Le fait est qu’en dépit de son soutien à la nouvelle constitution, beaucoup affirment que Soro Guillaume n’a pas encore digéré son éviction du statut de numéro deux ivoirien avec la nomination prochaine d’un vice-président. Une évolution qui devrait l’écarter du cercle immédiat du pouvoir alors qu'il rêve au contraire de prendre les rênes du pays.

Le retour de l’homme devrait se faire en principe cette fin de semaine avec l’ouverture de la campagne. Un retour qui, selon certaines indiscrétions de la presse, ferait même l’objet de tractations, histoire d’aplanir toute incompréhension avec les autorités d’Abidjan.

Cette arrivée reste très attendue par les observateurs qui ont hâte de scruter tous les faits et gestes de Soro Guillaume qui est surtout connu pour son franc-parler.

Par Georges Moihet (Abidjan, correspondance)
Le 07/12/2016 à 17h41, mis à jour le 08/12/2016 à 16h34