Côte d'Ivoire: libération de plusieurs proches de Guillaume Soro, d'autres pourraient suivre

Le président Alassane Ouattara et son ex-allié Guillaume Soro.

Le président Alassane Ouattara et son ex-allié Guillaume Soro. . DR

Le 24/09/2020 à 12h18, mis à jour le 24/09/2020 à 12h22

Les proches de l'ancien Premier ministre et ex-président de l'Assemblée nationale, Guillaume Soro, ont été libérés hier, mercredi 23 septembre, dans la soirée. Cependant, ils doivent se tenir à carreau pour éviter un retour en prison.

A un mois de l'élection présidentielle, plusieurs partisans de Guillaume Soro recouvrent leur liberté. La justice ivoirienne les a libérés dans la nuit du mercredi 23 au jeudi 24 septembre, après neuf mois de détention.

Il s'agit toutefois d'une libération conditionnelle puisqu'il leur a été demandé de ne pas entrer en contact les uns avec les autres, de ne pas faire de «cyberactivisme» et de ne prendre part à aucune manifestation publique, ce qui, en cette période de campagne électorale, relève presque d'une mise en résidence surveillée.

Sur les 19 qui avaient été incarcérés, fin décembre 2019, la plupart pour "tentative d'atteinte à la sûreté de l'Etat", neuf bénéficient de cette décision judiciaire qui ressemble fort à une mesure d'apaisement, dans un contexte où les tensions vont grandissantes à mesure que l'on s'approche de la présidentielle d'octobre. Parmi eux figurent les trois députés partisans de l'ancien Premier ministre, en l'occurrence Soro Kanigui, Louqimane Camara et Soumaïla Yao. Une source judiciaire affirme en outre que d'autres libérations pourraient intervenir dans les jours à venir.

Il convient de noter que pour le moment la première vague de libération intervenue cette nuit ne concernerait pas le tout premier cercle de Guillaume Soro, notamment Alain Lobognon, Souleymane Kamagaté Koné alias Soul to Soul, Tehfour Koné, ainsi que ses deux frères.

Guillaume Soro, poursuivi pour les mêmes griefs, est aujourd'hui exilé en France et ne cesse d'appeler ses partisans à rester mobilisés afin de faire barrage au président Alassane Ouattara, candidat à un troisième mandat. Il avait également demandé aux autres membres de l'opposition de faire un front commun pour contrer le chef de l'Etat sortant.

Pour le moment, Guillaume Soro, très actif sur le plan de la communication en cette veille d'élection présidentielle, n'a toujours pas réagi.

Il faut dire que cette décision semble être le fruit d'une pression internationale venant aussi bien de la Cédéao, en particulier du Nigeria, que des Nations unies, appelant le président Outtara et les acteurs politiques ivoiriens à faire preuve de sagesse. Le président nigérian, Muhammadu Buhari, a notamment clairement affirmé que les chefs d'Etat de la région doivent se garder de violer leur propre Constitution, dont ils sont les gardiens, en essayant de briguer un troisième mandat.

Depuis quelques jours, le représentant du Secrétraire général des Nations unies en Afrique de l'Ouest est à Abidjan pour tenter de prévenir les tensions en entretenant le dialogue avec la classe politique, aussi bien l'opposition que la mouvance présidentielle.

Tout le monde cherche à éviter la douloureuse expérience de 2010. Visiblement, le pouvoir ivoirien aussi.

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 24/09/2020 à 12h18, mis à jour le 24/09/2020 à 12h22