Le Top 10 des risques qui guettent les entreprises en Afrique selon le baromètre Allianz 2024

Présentation du baromètre des Risques Allianz 2024 par Patrick Thiels, Directeur Général d’Allianz Commercial Région France, Afrique et Moyen-Orient.

Le 19/04/2024 à 16h19

Les entreprises sur le continent africain sont confrontées à la convergence de menaces majeures qui remettent en cause leurs modèles économiques. Une approche globale sur les risques cyber, opérationnels et environnementaux devient impérative.

Selon le baromètre des risques 2024 d’Allianz, l’Afrique fait face à d’importants défis en matière de cybersécurité, de résilience opérationnelle et de durabilité. Ces risques menacent la compétitivité et la pérennité des entreprises sur le continent.

Le risque numéro un en Afrique et au Moyen-Orient est les incidents cyber selon 33% des répondants, en hausse par rapport à 2023. «Les incidents cyber représentent le risque le plus préoccupant en Afrique pour les entreprises de toutes tailles et est la cause d’interruption d’activité que les entreprises craignent le plus», souligne Patrick Thiels, Directeur Général Allianz Commercial pour la région, lors du point de presse organisé le jeudi 18 avril à Casablanca.

La recrudescence des violations de données et des attaques malveillantes par ransomwares inquiète particulièrement. Dans un monde hyperconnecté, la moindre faille peut paralyser des entreprises voire des infrastructures critiques. Une cyberattaque d’ampleur pourrait avoir des répercussions systémiques majeures. Les entreprises africaines doivent donc renforcer d’urgence leurs défenses informatiques.

Le deuxième risque en Afrique est les interruptions d’activité (22% des répondants), lesquelles peuvent résulter de la dégradation des chaînes d’approvisionnement ou d’incidents cyber, incendies, catastrophes naturelles, etc. «Les entreprises doivent renforcer leur résilience et diversifier leurs chaînes d’approvisionnement dans un monde qui évolue rapidement», prévient Allianz.

La résilience opérationnelle est mise à rude épreuve par les défaillances d’infrastructures critiques vieillissantes (4ème risque à 21%), mais aussi par les catastrophes naturelles dévastatrices (6ème risque, nouveauté 2024). Patrick Thiels évoque «des conditions météorologiques extrêmes dans le monde entier » avec des « sinistres liés aux orages violents [battant] un record historique». Il prend pour exemple les récentes inondations à Dubaï, qui ont pris de nombreuses personnes de court.

Le changement climatique (10ème risque à 16%) amplifie ces aléas et menace la pérennité de nombreux modèles économiques sur le continent. Une transition énergétique et productive s’impose mais les investissements requis sont considérables. «Les organisations affichant des objectifs ambitieux en durabilité peuvent être considérées comme ne faisant pas assez», constate la compagnie.

Sur le plan macroéconomique (3ème risque), l’inflation galopante fragilise de nombreux pays même si «le Maroc affiche une bonne performance par rapport aux autres pays d’Afrique du Nord», nuance Maxime Darmet, économiste Senior chez Allianz. Les marges de manœuvre monétaires se réduisent alors que les prix de l’énergie restent volatils. De lourdes incertitudes planent sur la croissance future.

Les entreprises africaines font également face à un risque juridique et réglementaire majeur (5ème risque) entre les bouleversements de la gouvernance des données et de l’IA, les nouvelles obligations ESG, le protectionnisme ou encore les instabilités politiques chroniques sur le continent (7ème risque).

Les 10 principaux risques en 2024 pour la région Afrique & Moyen-Orient

RisquesClassement dans le baromètre Allianz 2024Classement dans le baromètre Allianz 2023
Incidents cyber (exemple : cyber crimes, interruptions de service/réseau IT, logiciels malveillants /ransomware, violation de données, amendes et sanctions)1er2ème
Interruptions d’activité (y compris les perturbations de la chaîne logistique)2ème3ème
Evolutions macroéconomiques (exemple : inflation/déflation, politiques monétaires, programmes d’austérité)3ème1er
Pannes (exemple : panne d’électricité)4ème8ème
Evolutions législatives & réglementaires (exemple : guerres tarifaires, sanctions économiques, protectionnisme, désintégration de la zone euro)5ème5ème
Les catastrophes naturelles (exemple : tempête, inondation, tremblement de terre, feu de forêt, événements climatiques extrêmes)6èmen’y figure pas
Risques politiques (exemple : instabilité politique, guerre, terrorisme, coup d’état, conflits sociaux, grèves, émeutes, pillages)7ème6ème
Crise énergétique (exemple : pénurie/rupture d’approvisionnement, fluctuations des prix)8ème8ème
Vol, fraude et corruption9ème7ème
Changement climatique (exemple : risques physiques, opérationnels et financiers résultant du réchauffement climatique)10ème4ème

Dans ce contexte adverse, une approche globale et intégrée de la gestion des risques s’impose selon Allianz. Cybersécurité, résilience opérationnelle, transition énergétique et numérique mais aussi stabilité macroéconomique et juridique sont autant d’impératifs intimement liés pour la compétitivité durable des entreprises africaines.

«La résistance est mise à l’épreuve », conclut Allianz, qui liste de «nombreux pays africains à risque élevé» comme le Mali, le Burkina Faso ou la Libye. Seul le Botswana affiche un risque faible selon Allianz Research. Autant dire que l’adaptation aux nouveaux défis sera déterminante pour l’avenir économique du continent.

Par Modeste Kouamé
Le 19/04/2024 à 16h19