Le microcosme politique ivoirien bouillonne à l’idée de la succession d’Alassane Ouattara. Ce dernier qui a entamé son second et dernier mandat, a nettement affirmé son choix de ne pas se représenter, conformément à la constitution.Cette perspective met déjà à rude épreuve la cohésion au sein RHDP – la coalition au pouvoir qui regroupe le RDR (auquel appartiennent Alassane Ouattara et Guillaume Soro), le PDCI, l’UDPCI, le MFA et l’UPCI – dont les membres (principalement le RDR et le PDCI) tentent chacun de convaincre de sa prééminence afin d’installer un de ses cadres à la tête de la coalition, lequel devrait faire office de candidat unique de l’ensemble de ces partis.Resté jusque-là à l’écart des joutes verbales auxquels se livraient les cadres des deux partis leaders de la coalition, Guillaume Soro semble avoir décidé, du moins par l’entremise de certains de ses proches, de jouer sa partition afin de se positionner sur l’échiquier politique. ReconnaissanceLa première personnalité à lancer la charge est le ministre ivoirien de l’Agriculture, Mamadou Sangafowa Coulibaly. Au cours d’une tournée politique, fin mars, dans la région du Tchologo (dont est originaire Soro), ce cadre du RDR, cité par l’AIP, avait indiqué: «il est temps que le RHDP songe à honorer sa dette de reconnaissance envers celui-là même qui a su, par sa force de caractère, ses convictionsn, bien mener le processus de sortie de crise (…)».Une allusion faite au parcours du chef de l’ex rébellion, Premier ministre lors des élections de 2010 et qui avait, durant la crise postélectorale, lancé ses troupes à l’assaut d’Abidjan afin de défaire militairement Laurent Gbagbo, désigné perdant de l’élection, et le contraindre à quitter le pouvoir.Des propos qui trouvent un écho au sein du parti. Dans une interview accordée au journal Nord-Sud quotidien ce mardi, Tehfour Koné, député de la commune populaire d’Abobo, à Abidjan, évoquant la succession d’Alassane Ouattara, se veut plus clair: «dans le RHDP, qui mieux que Guillaume Soro a le profil ? Quand on parle de développement économique, d’émergence (…), c’est bien parce qu’il y a eu quelqu’un qui a pris le risque de chasser le dictateur Laurent Gbagbo. (…) Il est le successeur naturel d’Alassane Ouattara».Du côté des autres cadres du RDR, cette posture est loin d’être partagée. Bacongo Cissé, l’ex ministre de la Fonction publique, a indiqué qu’en 2020 il revenait au RDR de conserver le pouvoir et non à Soro. Tandis qu’Adama Bictogo évoquait plutôt un devoir de reconnaissance à l’ensemble des militants du parti et non à un individu en particulier.Pour nombre d’observateurs, ce n'est là que le début de la lutte de succession au RDR, qui devrait s’accentuer à mesure qu’approchera l’échéance 2020. Une autre tête forte du RDR, Hamed Bakayoko, le ministre de l’Intérieur, est d’ailleurs présenté comme l’un des prétendants à la présidence du parti au pouvoir.
Le 06/04/2016 à 11h32