Côte d’Ivoire-interdiction des sachets plastiques: le gouvernement dénonce la «ruse» des industriels

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Le 20/07/2016 à 09h54, mis à jour le 20/07/2016 à 09h57

«Un décret ça s’applique», a rétorqué Anne Ouloto, la ministre en charge de la Salubrité urbaine devant des industriels venus négocier un assouplissement des mesures d’interdiction des sachets plastiques. Après plus d’une année de sensibilisation, le gouvernement entend passer à la répression.

La production et la commercialisation d’emballages plastiques à usage unique est interdite en Côte d’Ivoire. Et c’est pour espérer attendrir la fermeté des autorités que des représentants de la Chambre d’Industrie et de commerce libanaise de Côte d’Ivoire (CICL), dont les membres sont très actifs dans la filière, ont eu une entrevue avec les ministres en charge de la Salubrité et de l’Industrie, rapporte ce lundi le quotidien L’intelligent d’Abidjan.La production d’emballage plastique, ont cru devoir faire valoir les industriels, c’est 120 milliards FCFA de chiffre d’affaires dont 60 milliards à l’exportation, 60.000 emplois directs et indirects et 30 milliards d’impôts et taxes versés à l’Etat, en plus de l’existence d’une filière du recyclage du plastique qui s’avère très porteuse.«Un décret ça s’applique», s’est voulue ferme la ministre de la Salubrité urbaine, Anne Ouloto. «Il n’est pas question de contourner le décret d’interdiction des sachets plastiques. C’est sur cette seule base que l’on peut ouvrir toute négociation», a-t-elle martelé.Annoncé en effet depuis 2013, ce sera finalement en novembre 2014, après plusieurs reports à la demande des industriels, que le décret d’interdiction de la production et de la vente sachets plastiques entrera en vigueur. Pour le ministre de l’industrie Jean Claude Brou, il ne s’agit pas d’une volonté de «ruser avec le gouvernement». «Vous tergiversez avec nous. Vous nous menez depuis en bateau. Pourtant vous aviez promis avec des échéanciers bien précis, d’arrêter le processus de fabrication de ces produits et de basculer vers d’autres produits qui ne dégradent pas l’environnement», a dénoncé le ministre, qui dit avoir trop longtemps joué «le rôle de l’avocat le plus fidèle de ces industriels».Le fait est qu’avec la prolifération des sachets un peu plus d’un an après la mesure, les autorités ont décidé de passé à la répression. C’est que la question est devenue ces dernières années un enjeu de salubrité publique. En plus de s’éterniser dans l’environnement (il faut au minimum un siècle avant que le plastique commence son processus de dégradation), le plastique est tenu pour responsable des obstructions des canaux d’évacuation des eaux usées qui causent des inondations lors des saisons pluvieuses.«Les sommes que nous consacrons au nettoyage de nos villes et de nos infrastructures d’assainissements sont trop importantes sans compter les effets de ces déchets sur l’environnement et notre santé à tous. (…). Nous sommes dans une tendance mondiale. Des solutions et des technologies alternatives existent pour migrer vers le biodégradable», a rappelé Anne Ouloto.Un comité de travail a été mis en place avec l’idée de répertorier les avancées et les difficultés liées à l’application du décret d’interdiction et trouver «des solutions dans le sens de la préservation de notre environnement». A terme, nous sommes bien décidés à «mettre définitivement fin aux activités des entreprises qui trainent les pas», a averti Jean Claude Brou.

Par Georges Moihet (Abidjan, correspondance)
Le 20/07/2016 à 09h54, mis à jour le 20/07/2016 à 09h57