«Même s’il continue de porter nos aspirations, le Conseil de sécurité des Nations Unies, dans sa configuration et son fonctionnement actuels, ne pourra pas résoudre efficacement les conflits de notre siècle», a soutenu ce jeudi le président ivoirien du haut de la tribune des Nations Unies. «Mon pays invite tous les Etats membres au sursaut, afin de parvenir à une réforme globale et juste du Conseil de sécurité qui renforcerait sa légitimité aux yeux du monde entier, et plus particulièrement pour les jeunes générations», a-t-il poursuivi.
Le président ivoirien qui s’exprimait à l’occasion de la 71e Assemblée générale de l’ONU, ouverte en début de semaine à New-York, a repris à son compte une des thèses «tiers mondistes» quelque peu en perte de vitesse ces dernières années. Et la déclaration paraît bien singulière alors qu’Abidjan n’était jusque-là pas réputé pour avoir une posture aussi audible et tranchée sur de tels sujets.
Excès de zèle ou conviction intime? En tout cas, le pays tente certainement de construire une stature de leadership afin de convaincre de sa capacité à occuper valablement la fonction de membre non permanent du Conseil de sécurité.
L’ONU doit coordonner la lutte contre le terrorisme
«Le monde doit se mobiliser contre le terrorisme et le combattre avec la plus grande fermeté …», d’autant plus «qu’aucun pays n’est aujourd’hui à l’abri d’une attaque terroriste» et «qu’aucun pays ne peut seul venir à bout de ce fléau», a souligné le chef de l’Exécutif ivoirien. D’où son appel aux Nations Unies qui doivent «plus que par le passé coordonner l’engagement international», au risque d’entraîner une course aux armements au détriment du développement.
Pour Alassane Ouattara, «si rien n’est fait collectivement pour supporter le coût de la sécurité» de l’ensemble des Etats, les pays en développement «investiront dans leur sécurité nationale les ressources qui manqueront demain aux investissements sociaux prioritaires; avec les graves conséquences que l’on sait, compte tenu de la jeunesse de nos populations».
Soutien de la CEDEAO et de l’UA
«La CEDEAO puis l’Union Africaine, ont endossé notre candidature» s’est félicité le président ivoirien, qui a sollicité le soutien des autres Etats membres lors du vote prévu en juin 2017. Le retrait des troupes de l’ONUCI en juin 2017 est une évolution qui a été qualifiée de «success story» au regard de la stabilité retrouvée du pays. Et Abidjan compte proposer au monde «son expérience réussie du maintien de la paix et de la collaboration au sein des Nations Unies» à travers des participations aux missions de paix au Congo Brazzaville, en Haïti, en Centrafrique et actuellement au Mali.
La Côte d’Ivoire devra ainsi continuer à consolider son image et va consacrer les neuf prochains mois à tenir l’image de pays modèle, «ami de tous et ennemi de personne», selon la célèbre formule de Félix Houphouët-Boigny, le père de l’indépendance.