“Le gouvernement ivoirien demande à l’opposition politique (…) de garder le silence et d’abandonner les citoyens, en proie à l’angoisse, aux craintes et à la misère sociale”, a tonné Bédié en ouvrant le bureau politique de sa formation, le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI).
Début juin, l’ex-président (1993-1999) âgé de 85 ans avait lancé, en rappelant de récentes violences meurtrières intercommunautaires dans le centre du pays: “On fait en sorte que l’Ivoirien soit étranger chez lui. Mais les Ivoiriens n’accepteront jamais cela”.
Bédié évoquait aussi “d’autres (étrangers) qu’on fait venir clandestinement” et à qui “on fait faire des papiers”, possiblement pour “fausser” la présidentielle de 2020.
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Ces déclarations avaient soulevé une vive controverse. Le gouvernement avait condamné des “propos d’une extrême gravité, appelant à la haine de l‘étranger”.
Avec ses propos, Bédié a été renvoyé à “l’ivoirité”, un concept nationaliste que l’ancien chef de l’Etat et d’autres responsables politiques avaient utilisé pour tenter d’empêcher Alassane Ouattara de se présenter à la présidentielle de 1995 dans ce pays de forte immigration. Ce concept a, selon de nombreux observateurs, contribué à la montée de la tension lors de la décennie de crise armée qui s’est soldée par les violences de 2010-2011 ayant fait 3.000 morts.
Bédié a appelé le gouvernement “à la fermeture des sites d’orpaillage clandestin, au désarmement de tous ceux qui détiennent illégalement des armes en Côte d’Ivoire, (…) à la lutte contre la fraude sur la nationalité ivoirienne.”
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Il a aussi répété sa volonté de voir les autorités réformer la Commission électorale indépendante (CEI), très critiquée par l’opposition, pour la prochaine présidentielle.
Beaucoup craignent des tensions à l’occasion du scrutin.
Agé 77 ans, le président Ouattara entretient le mystère quant à une éventuelle candidature. S’il aura déjà accompli deux mandats en 2020, il estime avoir le droit de se représenter en raison d’un changement de Constitution en 2016, ce que conteste l’opposition.
Henri Konan Bédié laisse lui aussi planer le doute sur sa candidature.