Alassane Dramane Ouatara, président de la République de Côte d’Ivoire, leader du Rassemblement des Houphoueitistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP), Henry Konan Bedié, président du Parti Démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI-RDA), ancien chef de l’Etat (1993-1999) et Laurent Gbagbo, leader du Front Populaire Ivoirien, (FPI), et lui aussi ancien président de la République (2000-2010). Ces trois noms évoquent les dinosaures qui dominent la scène politique ivoirienne depuis une trentaine d’années.
Le proche avenir politique de ce pays, dont le Produit intérieur brut (PIB) représente 40% de la richesse de l’Union Economique et
Monétaire Ouest Africaine (UEMOA), un ensemble sous-régional coe mposé dhuit Etats, nourrit les craintes d’une nouvelle crise politique qui pourrait déboucher sur des violences et des morts.
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Une situation douloureuse pour les Ivoiriens, qui ont encore en mémoire les graves événements de décembre 2010-avril 2011, déclenchés par la contestation des résultats du scrutin présidentiel. Le vote, dont le deuxième tour opposait alors le président sortant, Laurent Gbagbo, à Alassane Ouatara, soutenu par Henry Konan Bédié, avait connu son épilogue par une flambée de violences, dont un bilan officiel fait état de 3.000 morts.
Aujourd’hui, la peur s’explique par la perspective du nouveau scrutin présidentiel prévu le 31 octobre prochain, c'est-à-dire dans moins de 4 mois.
Une échéance pour laquelle Henry Konan Bedié, 86 ans, est déjà dans les starting-blocks, après son investiture par le PDCI/RDA.
Décidemment revanchard, l'ancien président ivoirien a oublié sa promesse de ne plus se présenter à un scrutin présidentiel après ses 75 ans.
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Dans le même temps, la candidature à un troisième mandat du président sortant, Alassane Dramane Ouatara, 78 ans, est donnée pour quasi-certaine, après le décès subit du Premier ministre, Amadou Gon Coulibaly (AGC), qui avait été choisi comme dauphin, et investi sous les couleurs du RHDP, avec de réelles chances de réussites.
En effet, certaines indiscrétions et de nombreux signaux issus de son camp accréditent la thèse de sa candidature, alors même qu'il est considéré comme «le ciment du RHDP». Son investiture en ant que candidat de ce parti est «la seule alternative pour empêcher une guerre des dauphins», dont la conséquence inévitable serait une perte du pouvoir, à laquelle les courtisans et les soutiens de tous bords, se résignent difficilement dans le contexte d’une Afrique ou l’Etat reste malheureusement le principal pourvoyeur de richesses.
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Ainsi, le président sortant se retrouve devant un choix cornélien, un véritable dilemme. Se comportera-t-il en véritable homme d’Etat pour éviter des convulsions au pays et quitter la scène politique après ses deux mandats? ou préférera-t-il sauver l’unité du RHDP?
En effet, la perspective de sa candidature va plonger la Côte d’Ivoire dans une période d’incertitude au moment ou les mouvements djihadistes du Sahel tentent une percée plus au sud, en direction de la côte Atlantique.
Une évolution sécuritaire à hauts risques illustrées par deux récentes attaques perpétrées dans le nord du pays pendant les derniers mois.
Bédié et Ouatara dans la course, il ne resterait plus qu’une hautement improbable candidature de Laurent Gbagbo, 75 ans, acquitté par la Cour Pénale Internationale (CPI), mais toujours dans le viseur de la procureure, Fatou Bensouda, pour reconstituer le puzzle du scrutin présidentiel de 2010, qui avait été suivi par une spirale de violences qui avait duré des années.
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Ce passé, le peuple ivoirien voudrait à tout prix éviter de le retrouver, dans un contexte ou les plaies de la guerre de 2010 restent encore ouvertes.
Faut-il rappeler à ces trois dinosaures de la classe politique ivoirienne leur promesse, formulée par le passé, de ne plus jamais se présenter à une élection présidentielle au-delà de l’âge de 75 ans? La réduction des capacités physiques et mêmes intellectuelles ne permettent pas de remplir pleinement la fonction présidentielle, par essence contraignante et exigeante.