Côte d'Ivoire: un troisième mandat pour Ouattara? L'avis et les menaces de Washington, devant la crise pré-électorale

Le président des Etats-Unis Donald Trump.

Le président des Etats-Unis Donald Trump.. DR

Le 26/08/2020 à 08h10, mis à jour le 26/08/2020 à 16h33

L'ambassade des Etats-Unis en Côte d‘Ivoire, qui vient de donner l'avis de Washington sur la polémique d'un «troisième mandat», avertit les protagonistes des présidentielles à venir de s’abstenir de toute violence et menace de sanctions aussi bien le parti au pouvoir, que ceux dans l'opposition.

A deux mois des élections présidentielles en Côte d'Ivoire, l’ambassade des Etats-Unis à Abidjan a réagi, en transmettant à l'opinion publique ivoirienne la position officielle de Washington. 

Le communiqué de l’ambassade américaine consiste en une série de recommandations et de mises en garde, et constitue aussi un appui implicite aux partisans d'un troisième mandat pour l'actuel président, Alassane Dramane Ouattara. 

Washington avertit les protagonistes des prochaines élections «de s’abstenir de toute violence et de tout discours de haine ou de division» et à «privilégier le dialogue», mais lance, aussi bien à l'adresse du parti au pouvoir qu'à ceux de l’opposition, que «les Etats-Unis se réservent le droit de prendre des sanctions».

Prévues le 31 octobre prochain, ces élections présidentielles suscitent des inquiétudes aussi bien dans le pays, que dans le reste de l'Afrique de l’ouest et sur d'autres continents. La crise post-électorale de 2010, qui s'était soldée par plus de 3.000 morts et autant de blessés est encore très vive.

Depuis que l’actuel président Alassane Dramane Ouattara a annoncé sa candidature pour un nouveau mandat, la situation est en effet déjà devenue très tendue dans le pays. Les manifestations des militants de l'opposition, qui s'opposent à un nouveau mandat du président sortant, ont fait une dizaine de morts.

Dans son communiqué, l'ambassade américaine a fait comprendre à l’opposition ivoirienne qu'il revenait au Conseil constitutionnel de Côte d’Ivoire de décider de la question d'un troisième mandat pour Alassane Dramane Ouattara. Autrement dit, tous ceux qui s’opposeraient à un troisième mandat pour l'actuel président doivent s'en remettre aux membres de cette instance. 

Les Etats-Unis ne soutiennent donc pas les manifestations des opposants contre ce troisième mandat, et demandent simplement à l’opposition de recourir à un avis du Conseil constitutionnel, unique institution ayant la compétence de valider, ou non, la candidature du président Alassane Ouattara.

Toutefois, il est de notoriété publique que ces instances, dans bien des pays du continent, ne sont souvent que les caisses de résonance des régimes déja en place.

Cependant, dans son communiqué, l’ambassade des Etats-Unis en Côte d'Ivoire a exprimé son soutien à un renouveau politique en Côte d'Ivoire.

«Des transitions de pouvoir démocratiques régulières mènent à plus de redevabilité, des institutions plus fortes, et une participation citoyenne au processus politique plus constructif», souligne ce document de la diplomatie américaine.

Par ailleurs, en ce qui concerne les interdictions de manifestations décidées par les autorités ivoiriennes, l’ambassade a appelé au respect des libertés individuelles, comme le droit de manifester, qu’elle décrit comme un des éléments clés «au cœur d’une démocratie fonctionnelle».

«Les libertés d’expression, de rassemblement et d’association sont au cœur d’une démocratie fonctionnelle. Adhérer à ces normes démocratiques permet aux Ivoiriens de participer à des dialogues politiques et à soutenir les candidats, partis ou idées de leur choix», explique encore l’ambassade américaine, qui ajoute que «la répression et l’intimidation n’ont pas leur place en démocratie». 

Par Kofi Gabriel
Le 26/08/2020 à 08h10, mis à jour le 26/08/2020 à 16h33