En Côte d’Ivoire, la cinquième phase du dialogue politique entre opposition et pouvoir avance à petit trot. En effet, démarré le 16 décembre 2021, ce dialogue s'est enlisé avant d'être relancé le 20 janvier 2022, pour marquer une fois encore un nouvel arrêt et reprendre de plus belle le 14 février 2022. Date prémonitoire pour favoriser l’entente? En tout cas, les participants ne filaient, jusqu'ici, pas le grand amour.
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Plusieurs soucis sont à l'origine de cette évolution en dent de scie du dialogue politique. Il s’agit entre autres du désaccord entre pouvoir et opposition sur la durée et les termes de références du dialogue et d'éventuelles poursuites judiciaires contre des membres de l’opposition. Il a donc fallu deux mois pour aplanir certains différends pour entrer désormais dans le vif du sujet, à la grande satisfaction de la classe politique ivoirienne.
«La reprise de ce dialogue est une bonne chose et s’il aboutit dans le bon sens, ce sont les Ivoiriens qui seront heureux parce que depuis longtemps notre pays est dans une situation de ni paix et ni guerre», déclare Aké-Bié Marie Aké, députée de Yopougon, commune d'Abidjan, et membre de l’opposition ivoirienne.
«Toute la Côte d’Ivoire regarde la classe politique car on a besoin de paix, de cohésion pour que notre pays aille de l'avant», insiste pour sa part Alexis Gouanou, membre du parti au pouvoir RHDP ( Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix)
La libération de tous les prisonniers politiques et militaires, le retour au pays de Charles Blé Goudé, de Guillaume Soro et de tous les exilés, la recomposition de la commission électorale indépendante, la révision de la liste et du code électoral, la refonte du conseil constitutionnel, la réconciliation nationale... Plus aucun sujet n'est désormais tabou lors de la phase active du dialogue entamée le 14 février 2022. Ce sont même au total 85 thèmes répartis en 5 grands groupes qui sont au cœur des discussions.
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«Personne n’a le monopole de ce pays qu’on soit parti au pouvoir ou opposition, donc quand on va à un dialogue politique, on fait des concessions et il ne faudrait pas que quand on va soulever les véritables problèmes de la Côte d’Ivoire, il y ait des blocages», met en garde Lazare Gbagbo Gbeuly, membre de l’opposition.
La quasi-totalité des formations politiques du pays est partie prenante de ces discussions: le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix du président Ouattara, le Parti démocratique de Côte d’Ivoire d’Henri Konan Bédié, le Parti des peuples africains de Laurent Gbagbo, pour ne citer que ces grandes formations. Mais pour certains, ce dialogue aurait dû être élargi à toutes les couches du pays pour être plus inclusif.
«Cette situation de dialogue doit commencer par les villages, les hameaux, les cantons jusqu’à ce qu’on atteigne le sommet de l'Etat. Donc la base doit être associée», conseille Clément Apiti, chef du village de Yopougon Kouté.
Des observateurs préconisent même un forum ou une conférence nationale, voire des assises nationales pour discuter et évacuer définitivement tous les contentieux à l'origine des crises à répétition que connaît le pays depuis plus de 30 ans. Pourvu que cette fois soit la bonne et que l’amour règne enfin dans les cœurs.