A Abidjan, le «marché Roxy» dans la commune commerçante d’Adjamé, est reconnu comme le haut lieu du trafic des produits pharmaceutiques. Il faut y faire un tour pour voir des échoppes inondées de médicaments de toutes sortes, exposés au soleil et à même le sol, pour se rendre compte de la vitalité du secteur.
Après des années de campagnes sporadiques de sensibilisation ponctuées d’actions de répression, les «médicaments de la rue» restent ancrés dans le paysage sanitaire ivoirien.
Face à la persistance du phénomène, le gouvernement a adopté depuis ce mercredi un plan d’action qui se déroulera «en 4 phases au cours des 3e et 4e trimestres 2016» afin de tenter de mettre un terme à un trafic qui dure depuis les années 1980.
Aussi, les phases 1 à 3 «qui correspondent respectivement à la sensibilisation des populations et des acteurs du marché pharmaceutique illicite et à la répression (…) avec la saisie et la destruction des produits et des installations de ce commerce» a été lancée ce jeudi.
Apparue à la faveur de la crise économique du début des années 1980, la vente illicite de médicaments a été perçue par les populations comme une alternative aux prix jugés, à tort ou à raison, exorbitants des pharmacies légales. Et l’arrivée massive des médicaments génériques au milieu des années 90, largement promus par le gouvernement avec comme principal argument des tarifs plus accessibles, n’a malheureusement pas réussi à changer la donne, malgré les conséquences de plus en plus visibles.
Les «effets néfastes sont de plus en plus visibles au sein des populations et se traduisent par des taux élevés de morbidité et de mortalité ainsi que par l’apparition de certaines pathologies, notamment les insuffisances rénales et les hépatites, différents types de cancer, etc.», soutient le gouvernement dans son communiqué.
En outre, il faut ajouter à ce motif, «des pertes importantes de recettes fiscales pour l’Etat». Selon des données officielles, sur un marché du produit pharmaceutique estimé globalement à 200 milliards FCFA chaque année, le marché parallèle représente à lui seul 25% des ventes, soit 50 milliards FCFA.
Mais d’après les spécialistes en sécurité, ce dont il faut encore plus s’inquiéter, ce sont les connexions entre ce trafic, qui a pour origine notamment le Nigeria, l’Inde et la Chine, et les réseaux terroristes qui essaiment la sous-région ouest-africaine.
Reste à espérer que cette fois sera la bonne et que le gouvernement ira jusqu’au bout de son action.