L’on croyait l’orpaillage clandestin en déclin en Côte d’Ivoire à la suite de la fermeture de plus de 150 mines artisanales illégales, il y a deux ans, mais la résurgence de la pratique est venue rappeler que ses acteurs s’étaient simplement déportés vers d’autres zones d'exploitation. Entre 2006 et 2016, le phénomène a pourtant fait perdre à l’Etat 479 milliards FCFA, soit 730,2 million d’euros, selon le ministère ivoirien des Mines.
Qu’importe, les orpailleurs qui avaient abandonné les précédents sites d’extraction du centre et de l’ouest du pays se redéploient désormais sur l’ensemble du territoire. Il y a peu, un site important d’orpailleurs clandestins a été évacué de force le 16 février par les forces de l’ordre, précisément dans la localité de Leomidouo, au nord-est du pays.
La résurgence du phénomène tient au fait que les populations locales sont moins réticentes à céder leurs terres à des inconnus qui leur proposent des espèces sonnantes et trébuchantes pour les exploiter. «C’est le revers de la pauvreté dans laquelle vivent les populations rurales qui se font complices du phénomène. Il arrive même que dans certains villages on fasse appel aux orpailleurs pour explorer les terres», note un administrateur civil, même si on est conscient des conséquences écologiques.
Lire aussi : Côte d'Ivoire: les orpailleurs détruisent les plantations cacao pour chercher de l'or
Une fois la première pépite d’or trouvée, c’est une ruée collective qui profite à l’économie du village, avec des revers comme la prostitution, l’insécurité. Mais la nouvelle méthode des orpailleurs est d’opérer sur un site pendant quelques mois seulement, voire quelques semaines avant de disparaître, histoire de ne pas trop attirer l’attention.
«Nous entreprenons chaque fois de les chasser dès que nous avons l’information, au moins ça évite qu’ils s’installent dans la durée», a confié un officier de gendarmerie.
L’alternative trouvée par le gouvernement est d’autoriser des exploitations minières semi-artisanales avec des conditions allégées, mais la solution ne fait pas vraiment recette.
En 2016, dans la seule zone de San Pedro (sud ouest du pays) des centaines d’équipements complets (motopompes, moteurs, groupes électrogènes, broyeuses, etc.) ont été détruits et des centaines de sites ont été nettoyés. «Mais il va falloir certainement ratisser à nouveau la zone car les orpailleurs ont tendance à revenir sur les pas quelques mois après», indique notre officier. La lutte s’annonce donc sans fin.