Vidéo. Côte d'Ivoire: la nouvelle génération veut africaniser les noms des rues d'Abidjan

le360 Afrique/Adjakotan

Le 19/12/2021 à 16h00, mis à jour le 19/12/2021 à 16h02

VidéoEn Côte d'Ivoire, il est de coutume de trouver des villes, des ponts ou des rues baptisées aux noms de colons français. La nouvelle génération veut changer cette situation, en africanisant les noms des rues, monuments, ponts et boulevards. Les avis sont partagés sur ce combat.

A Abidjan, capitale économique ivoirienne, les habitants souhaitent voir davantage les rues, les places et bâtiments publics baptisés au noms d'illustres personnalités de Côte d'Ivoire, voire d'Afrique. Quelques rues et lieux publics portant déjà des noms de colons français ont purement et simplement été rebaptisés par des inconnus.

Dans la commune de Cocody, le boulevard Latrille, du nom d'un colon français, a été renommé boulevard Zokou Gbeuly, une figure ivoirienne de la lutte anticoloniale.

Le boulevard Mitterrand, du nom de l'ancien président français, reliant la commune d'Adjamé à celle de Bingerville, a également été gribouillé par des activistes et rebaptisé boulevard Sékou Touré, ancien président de la Guinée et icône du panafricanisme.

Le pont De Gaulle, quant à lui, qui relie les communes du Plateau à Treichville, a connu le même sort en devenant pont Biaka Boda, un héros ivoirien de la lutte anticoloniale. Des actes d'incivisme qui ne manquent pas de soutien.

«Le temps colonial est passé et je ne veux pas rentrer dans des débats mais on ne peut pas valoriser les colons plus que nous-mêmes qui sommes sur notre territoire. Nous avons des héros au niveau du pays, des régions et même au niveau des religions. On doit utiliser les noms de ces icônes là à tous les niveaux» affirme Daniel Ninsemon, leader du mouvement En marche pour le développement.

Dans ce combat, il y a ceux qui sont moins radicaux. Pour l’aile modérée, sans jamais renier son histoire, la Côte d'Ivoire doit baptiser de nouvelles rues en utilisant des noms de son riche patrimoine culturel, sportif, politique et bien d'autres.

«Moi je suis pour le fait qu’on baptise les nouvelles rues des noms de nos héros, ceux qui véritablement ont apporté une plus-value à notre histoire, à notre pays. Et en ce qui concerne les noms qui sont déjà là, il faut les laisser parce que c’est un pan de notre histoire; les effacer c’est aussi effacer un pan de notre histoire donc il serait bon qu’on combine les deux. Donc les anciens noms restent et on baptisent les nouvelles rues des noms de nos héros nationaux» soutient Alexis Gouanou, le 5e adjoint au maire de Yopougon.

En mars 2018, les actuelles autorités ivoiriennes avaient annoncé vouloir baptiser toutes les rues du district d'Abidjan. Mais trois ans plus tard, cette annonce est donc restée un vœu pieux. Sous le mandat du président Laurent Gbagbo, le gouvernement avait, lui aussi et en vain, essayé une opération identique.

En effet, les experts commis à cette tâche ont opté pour des chiffres en lieu et place de noms de héros Ivoiriens ou Africains.

Malheureusement, ces chiffres n'ont pas eu l'assentiment de la population. Aujourd'hui, la tendance souhaitée par les citoyens est celle de faire la promotion des noms locaux et africains. Ce vœu se réalisera-t-il un jour? Seul l’avenir nous le dira.

Par Olive Adjakotan (Abidjan, correspondance)
Le 19/12/2021 à 16h00, mis à jour le 19/12/2021 à 16h02