La plumaison traditionnelle des poulets, pintades, canards et autres est une activité dérivée de la vente de volailles. Ce business rentable fait vivre plusieurs milliers de personnes en Côte d’Ivoire. Ainsi, chaque marché du pays dispose d'au moins un endroit dédié à la plumaison.
Par exemple, le marché de Yopougon-Sicogi à Abidjan en compte un. Une fois la volaille achetée, le client négocie le prix de la plumaison qui est souvent compris entre 100 et 500 FCFA. Le plumeur abat le volatile et le jette dans un pot le temps qu’il se vide de son sang. Puis, poulet, dinde, canard ou pintade sont plongés dans l'eau bouillante, avant d'être retirés la minute suivante.
Le feu de bois, de charbon ou de gaz butane ne s’éteint qu’en fin de journée, quand des centaines de volailles seront passées par là.
«J’ai commandé 40 poulets pour mon restaurant, comme c’est le week-end. C’est une grosse commande et plumer moi-même serait fatigant, donc les garçons du marché font le travail pour moi», affirme Marie Claire Nado, une restauratrice et cliente régulière des plumeurs de volailles.
Travaillant en solo ou en équipe, le marché de Yopougon Sicogi regroupe une cinquantaine de plumeurs. Parmi eux, des élèves et étudiants en quête de revenus pour financer leurs études en travaillant comme journaliers, qui ont déserté temporairement les bancs de classe.
D'autres, majoritairement des personnes de nationalité étrangère, en ont fait par contre leur activité quotidienne et pérenne. Chaque jour, durant les périodes de fêtes et les week-end, moments de grande affluence, un plumeur peut gagner entre 10.000 et 30.000 FCFA, soit 15 à 45 euros, et entre 2.000 et 5.000 FCFA, soit 3 à 8 euros, les autres jours. La plumaison est donc une activité lucrative.
«Ça fait 10 ans que je plume la volaille et comme je n’ai pas eu la chance d’aller à l’école, je gagne ma vie avec ce métier. Durant les jours de fêtes, je peux vendre et plumer entre 150 et 300 poulets», déclare Issouf, vendeur et plumeur de volailles.
«Je préfère travailler honnêtement, car c’est mieux de venir plumer des volailles ici et gagner un peu de sous que de faire de salles besognes comme le vol et le braquage», ajoute de son côté, Issiaka Malick Zoundi, étudiant et plumeur.
Cependant, le cadre dans lequel cette activité est exercée n'est pas toujours salubre. Les conditions d'hygiène des étals en brique recouverts de carreaux, des bassines, de l'eau et bien d'autres objets laissent souvent à désirer, car la présence de sang de volaille favorise leur insalubrité.
«Il faut sensibiliser les gens qui vendent et plument les poulets pour qu’ils soient propres et il faut surveiller les étapes de plumaison et réclamer plus d’hygiène dans le processus», propose Clarisse Nkrouma, une cliente.
«On a été plusieurs fois interpellé sur l’insalubrité des lieux, mais on fait de notre mieux pour les rendre salubres», se défend pour sa part, un commerçant de volailles, Ismael Traore.
Il convient de rappeler que certains clients donnent aux plumeurs en guise de cadeaux les pattes, les têtes et les gésiers de volailles. Lesquels les commercialisent à des particuliers qui en feront des soupes ou d’autres plats bien savoureux.