Côte d’Ivoire: Serge Aurier, la polémique bien excessive de l’«égorgement»

L'international ivoirien Serge Aurier.

L'international ivoirien Serge Aurier.. DR

Le 10/10/2016 à 15h49

Le geste de Serge Aurier mimant un égorgement, a pu choquer ailleurs et dans la presse française. Mais à Abidjan, ce geste a suscité les hourras des sportifs ivoiriens qui y ont vu tout sauf un acte de violence ou de provocation.

Après l’«affaire Periscope», où il avait tenu des propos désobligeants à l’encontre de Laurent Blanc, et sa condamnation récente pour violence sur policier, Serge Aurier aurait bien voulu se passer d’une nouvelle exposition dans la presse française qui ne manque aucune occasion de susciter la controverse autour du joueur.

Célébrant son but ce samedi dans un match face au Mali – comptant pour la qualification au prochain mondial de foot en Russie – le défenseur ivoirien a célébré sa joie en mimant un signe d’égorgement. Dans le contexte international actuel marqué par lea barbarie des terroristes, et où l’acte est utilisé par ces derniers pour semer l’effroi et la terreur, une telle attitude paraît effectivement choquante et repoussante. Mais dans la réalité ivoirienne, ce signe ne se réfère aucunement à la violence, encore moins à une attitude belliqueuse.

«Cet acte ne renvoie aucunement à la violence dans l’imaginaire des Ivoiriens. Cela fait partie des nombreuses expressions populaires tirées du «nouchi» pour dire «on va les tuer ou les manger», comme pour exprimer un désir de dominer ou de surclasser son adversaire et rien d’autre», s’indigne Mohammed Camara, un journaliste sportif ivoirien.

L’acte (et l’expression qui va avec) est courant aussi bien en sport que dans d’autres activités de loisir. Il est en effet fréquent de voir des individus mimer la même scène après un but sur un terrain de sport à Abidjan. Mais également dans le milieu culturel l’expression est utilisée. C’est ainsi qu’on dira par exemple d’un artiste comme Maître Gim’s qu’«il va tuer en France» pour exprimer son admiration ou encore souligner sa suprématie sur le monde de la musique dans l’Hexagone. On parlera dans cette perspective «qu’il a fait un tuage» pour le féliciter après une belle prestation et non de «tuerie».

Si l’expression a mué ces dernières années pour passer de «tuer» à «teur» (on dit désormais plutôt «il va teur»), le geste n’a par contre pas connu une telle évolution.

«C’est un acte anodin qui, dans un contexte d’expression de joie est tout sauf violent et Serge Aurier n’a certainement pas voulu être provocateur surtout à l’heure actuelle où il a fort besoin de redorer son image» soutient un consultant sportif de la télévision ivoirienne. Pour preuve, la polémique n’a eu aucun écho ce lundi dans la presse ivoirienne.

Le joueur n’a pour le moment pas réagit à la polémique probablement pour espérer la voir disparaître d’elle-même.

Par Georges Moihet (Abidjan, correspondance)
Le 10/10/2016 à 15h49