Coopération éducative: une délégation marocaine à Conakry pour évaluer l’accord de bourses

Des membres de la délégation de l'Agence marocaine de coopération internationale (AMCI) à Conakry.

Le 02/08/2025 à 11h39

VidéoUne délégation de l’Agence marocaine de coopération internationale (AMCI) séjourne actuellement à Conakry. Objectif: faire le point sur la mise en œuvre de la convention éducative qui permet chaque année à des dizaines d’étudiants guinéens de bénéficier de bourses d’études au Maroc. Une coopération stratégique, mais non sans défis.

Depuis plusieurs décennies, la Guinée et le Royaume du Maroc entretiennent une coopération dynamique dans le domaine de l’enseignement supérieur. Une convention éducative lie les deux pays, prévoyant l’octroi de 230 bourses d’études chaque année à des étudiants guinéens souhaitant poursuivre leur formation au Maroc, dans des filières aussi diverses que la médecine, l’ingénierie, les sciences sociales ou les langues.

Dans ce cadre, une délégation de l’Agence marocaine de coopération internationale (AMCI) séjourne à Conakry pour une mission d’évaluation. Elle s’est entretenue avec les autorités guinéennes, les anciens lauréats et les responsables du Service national des bourses pour examiner les acquis de ce partenariat et identifier les leviers d’amélioration.

Aboubacar Camara, directeur général du Service national des bourses extérieures (SNABE) informe que «les bourses octroyées par le Maroc à la Guinée sont réparties de la manière suivante: 180 pour l’enseignement général et 50 pour l’enseignement technique et la formation professionnelle. C’est sur la base de ces quotas que la délégation marocaine a engagé ses travaux, conformément aux critères bien définis dans les conventions».

Sekou Oumar Cissé, ancien étudiant au Maroc estime qu’il est nécessaire d’orienter la plus grande partie des étudiants guinéens vers des filières scientifiques ou techniques. «Ayant moi-même effectué mon cursus universitaire au Maroc, je peux témoigner que nous sommes majoritairement orientés vers des disciplines littéraires telles que le droit ou l’économie. En revanche, nous avons peu d’accès aux grandes écoles comme les écoles de commerce ou l’École nationale de statistique appliquée, qui représentent aujourd’hui des références majeures. Pour rééquilibrer cela, il est essentiel d’orienter les meilleurs étudiants - ceux qui ont obtenu des moyennes de 16 à 18 - vers ces institutions d’excellence. Cela permettrait de former une nouvelle élite, non seulement pour la Guinée, mais pour l’ensemble de la sous-région», explique-t-il.

Les responsables de l’AMCI ont rappelé que les critères d’admission sont stricts et dépendent de la capacité d’accueil des universités marocaines. Par exemple, pour les études en médecine, l’âge limite est fixé à 20 ans, tandis que pour les autres disciplines, il est de 22 ans maximum. De plus, des conditions académiques rigoureuses sont exigées, ce qui nécessite une meilleure préparation en amont des candidats.

Pour sa part, Aboubacar Camara, DG du SNABE, explique que «le Maroc attribue chaque année un quota de bourses à plusieurs pays partenaires. Une mission de prospection est donc menée dans chacun de ces pays pour valider et récupérer les quotas. Généralement, la Guinée est l’une des dernières étapes de cette tournée, et il arrive que les résultats scolaires ne soient pas encore disponibles à leur arrivée. Heureusement, cette année, la mission marocaine est arrivée à temps. Initialement prévue pour le 18 juillet, la visite a été reportée au 27 du même mois en raison du calendrier de publication des résultats. Finalement, tout s’est bien passé et les résultats étaient disponibles à leur arrivée».

Il explique que «la répartition des bourses a été effectuée par la Commission nationale des bourses extérieures, un organe interinstitutionnel composé de représentants de onze départements ministériels. Cette structure garantit la transparence du processus et évite que le travail soit perçu comme étant exclusivement réalisé par le SNABE».

Malgré la pertinence de cette collaboration Sud-Sud, des défis persistent: retards dans la transmission des listes, mauvaise orientation des candidats, ou encore problèmes de suivi sur place. Les deux parties sont convenues de renforcer les mécanismes de coordination et de mieux informer les étudiants sur les exigences du programme.

Par Mamadou Mouctar Souaré (Conakry, correspondance)
Le 02/08/2025 à 11h39