Débat d’idées à Dakar. «L’Afrique, terre de refuge des premiers compagnons du Prophète», rappelle l’ambassadeur du Maroc

Hassan Naciri, ambassadeur du Maroc au Sénégal.

Le 25/12/2025 à 09h36

VidéoÀ Dakar, dans le cadre de la quatrième étape du cycle régional de débats d’idées «Islam et sociétés», Hassan Naciri, ambassadeur du Maroc, a livré une intervention centrée sur le rôle du religieux comme facteur de cohésion, de stabilité et de modernité dans les sociétés africaines.

Conçu par les Instituts français du Maroc et du Sénégal, le cycle régional «Islam et Sociétés» réunit des universitaires et des acteurs de la société civile du Maroc, du Sénégal et de France, autour d’une réflexion croisée sur l’islam, ses pratiques et ses enjeux contemporains.

Pour le diplomate marocain, il est essentiel de rappeler que «le religieux n’est pas un objet extérieur à nos sociétés, il en est l’un des langages essentiels». Une vision qui, selon lui, permet de dépasser les oppositions artificielles entre foi et modernité.

«L’islam, lorsqu’il est compris dans sa profondeur, ne s’oppose nullement à la modernité. Il offre au contraire des ressources éthiques, intellectuelles et spirituelles capables d’accompagner les transformations contemporaines», a-t-il affirmé.

Revenant sur l’histoire, Hassan Naciri a rappelé le rôle central de l’Afrique aux débuts de l’islam, évoquant l’épisode fondateur de 615, lorsque le continent accueillit les premiers musulmans persécutés.

«L’Afrique a été terre de refuge des premiers compagnons du Prophète, témoignant d’un respect ancien entre les communautés religieuses», a-t-il souligné.

Au cœur de son propos, la géopolitique du religieux, thème central de cette étape dakaroise. Pour l’ambassadeur, la religion demeure en Afrique et dans le monde arabe un régulateur social majeur.

«La religion reste un espace de stabilité, de repères et de pacification. Elle protège contre les dérives identitaires et contribue à une cohésion que ni l’économie ni la politique ne peuvent garantir seules», a-t-il déclaré.

Hassan Naciri a ensuite mis en avant l’expérience marocaine, fondée sur un islam sunnite de rite malékite, un credo acharite, principale école théologique de l’islam sunnite et une tradition soufie vivante. Une combinaison qu’il qualifie d’équilibrée et inclusive.

«L’acharisme repose sur un principe fondamental: on ne juge pas la foi d’autrui et on ne déclare jamais quelqu’un mécréant», a-t-il insisté, y voyant un rempart contre les extrémismes.

Cette vision s’incarne, selon lui, dans l’institution d’Amir Al Mouminine, incarnée par le Roi Mohammed VI, garant d’une autorité religieuse légitime et modérée. «Dans un monde où la parole religieuse peut être détournée, cette institution constitue un facteur de protection et de stabilité», a affirmé l’ambassadeur.

Il a également rappelé les réformes engagées au Maroc dans le champ religieux: formation des imams, encadrement de la prédication, structuration de la fatwa et valorisation du soufisme comme éthique de paix et de discipline morale.

Enfin, Hassan Naciri a souligné la proximité spirituelle entre le Maroc et le Sénégal, fondée sur un socle religieux commun. «C’est ce partage qui rend nos coopérations naturelles, fluides et durables», a-t-il noté, avant de conclure que «l’Afrique n’est pas un objet d’étude du religieux, mais l’un de ses grands laboratoires intellectuels et spirituels».

Conçu par les Instituts français du Maroc et du Sénégal et l’Institut français, le cycle Islam et sociétés réunit des personnalités académiques et issues des sociétés civiles, principalement du Sénégal, du Maroc et de France. Selon les organisateurs, ce cycle de débats permet, grâce à une mise en perspective régionale entre le Maroc et le Sénégal, de mieux appréhender les dynamiques globales de l’Islam dans l’ensemble de la région. Avant Dakar, la troisième étape du cycle s’est déroulée à Casablanca et Rabat les 8 et 9 mai.

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Par Moustapha Cissé (Dakar, correspondance)
Le 25/12/2025 à 09h36