Filière équine: la coopération entre le Maroc et le Sénégal prend du galon

Cheval marocain

Le 19/10/2023 à 08h03

L’expertise marocaine, à travers la coopération bilatérale avec le Sénégal, est d’un soutien inestimable pour le développement de l’élevage équin au Sénégal. Grace à l’appui du Royaume, la filière a pris du galon, ces dernières années, dans le pays de la Teranga.

Chaque fois qu’un passionné de chevaux visite le haras national de Kébémer, situé à 150 km de Dakar, il ne peut qu’être impressionné, autant par l’immensité des lieux que par la qualité des poulains qui vivent sur place. Il ne peut non plus s’empêcher de remarquer trois invités de marque qui, dans les boxes de l’établissement, mâchent tranquillement leur nourriture très adaptée, à la bonne fréquence des repas pour équidé. Si ces chevaux d’exception, au nombre de trois, attirent d’emblée le regard, c’est tout sauf un hasard: il s’agit d’étalons reproducteurs venus tout droit du Maroc.

Considérés comme des stars, certains de leurs produits sont des leaders dans les courses hippiques au Sénégal, et l’un d’entre eux détient même le record du prix de vente le plus élevé. Et pourtant, ce trio n’est que la phase émergée du succès éclatant de la coopération entre le Sénégal et le Royaume du Maroc dans le domaine de l’élevage équin. Une coopération qui s’est renforcée et diversifiée depuis 2006 avec la signature de trois accords de partenariat successifs datés de 2006, 2016 et 2022.

«Grâce à la Société royale d’encouragement du cheval (SOREC), le Maroc a placé le secteur équin sous le signe de l’excellence qui constitue pour nous un repère dans la construction de la filière équine sénégalaise et le renforcement des liens d’amitié et de coopération entre les deux filières», se félicite Dr. Alphonse Sene, directeur du développement des équidés au ministère de l’Élevage et des productions animales (MEPA), selon lequel cette coopération a permis d’atteindre plusieurs objectifs.

Dans le domaine de la formation, et en vertu des conventions signées entre le Maroc et le Sénégal, cinq techniciens vétérinaires sénégalais en gestion technique (insémination artificielle équine) et administrative des haras ont été formés, permettant une amélioration considérable des prestations dans les cinq haras du Sénégal.

À cela s’ajoute la formation de quatre maréchaux ferrants (dont un actuellement en cours de formation à Bouznika) et de deux techniciens de laboratoire dans les techniques d’analyse de prélèvements destinés aux contrôles antidopage des chevaux de course. On citera également la mise en œuvre de 4 contrôles antidopage lors des 7 derniers Grands prix du Chef de l’État, et le stage effectué par un technicien vétérinaire à la clinique équine de l’Institut agronomique et vétérinaire (IAV) Hassan II à Rabat.

De 200 à 600 poulains

«De 200 poulains par an, dans les années 2010, nous sommes passés à 600 poulains en 2022», explique Dr. Sene, qui met aussi en exergue le don marocain de 10.000 puces électroniques au Sénégal en 2010. Ces équipements ont permis de mettre en place la phase pilote d’identification électronique des chevaux, et la continuité du financement de cette action par l’État du Sénégal.

C’est le niveau atteint par ce partenariat qui avait valu la visite du ministre de l’Élevage et des Productions animales au Maroc en 2022. «Il s’agit désormais pour nous d’adapter les thématiques choisies dans le nouveau protocole aux exigences des nouveaux défis de développement de la filière équine sénégalaise, à travers l’amélioration génétique équine, les formations aux métiers liés aux courses, aux sports équestres et à l’élevage du cheval entre autres», ajoute notre interlocuteur.

Au Sénégal l’importance du cheval dans l’économie du pays a incité l’État à l’inscrire au rang de priorité dans les politiques et programmes du gouvernement. C’est à ce titre que l’État du Sénégal a créé une direction dédiée au secteur des équidés et a construit 5 haras dotés de laboratoires d’insémination artificielle et d’étalons de haute valeur génétique. Il faut noter que dans le pays de la Teranga, les courses hippiques, les sports équestres et l’élevage des chevaux sont soutenus par les recettes issues du Pari mutuel urbain (PMU), contribuant ainsi au renforcement du rôle économique du cheval.

Par Khadim Mbaye
Le 19/10/2023 à 08h03