Guinée: «Tout est fait sur fonds propres», 20 ans après sa création, le musée du Fouta en butte aux même difficultés

Le siège du musée du Fouta à Labé.

Le 11/06/2024 à 10h24

VidéoLe musée du Fouta, créé et agrée en 2001, s’est érigé en véritable institution consacrée à l’étude, à la promotion et à la sauvegarde du patrimoine culturel peulh.

Situé dans la commune urbaine de Labé, le musée du Fouta est un passage obligé pour tout visiteur dans le Fouta Djallon. Dans cette région qualifiée de «château d’eau de l’Afrique de l’Ouest» c’est une maison qui retrace plus d’un siècle de culture et pratiques peulhs. Un des murs de cette maison bâtie en «terre de sagesse», porte cette réflexion dans la pure tradition orale et qui a fait le tour de la planète: «En Afrique, quand un vieillard meurt, c’est toute une bibliothèque qui brûle», signée par l’un des plus célèbres peulhs, le Malien Amadou Hampâté Bâ à qui l’on doit «L’Empire peul du Macina».

Ce site mis en place par des intellectuels guinéens a trouvé une place de choix dans le patrimoine culturel guinéen, confie Ousmane Tounkara, directeur scientifique du musée. «Les fondateurs du musée, ce sont des intellectuels. Ils se sont réunis et on réfléchi sur ce qu’il faut faire, à la façon de le faire et aux stratégies de le faire. Dans le comité scientifique du musée, on a des intellectuelles remarquables».

Plus loin, il rappelle en effet qu’«il y a eu beaucoup de sensibilisation pour rassembler tous ces objets. Avec l’apport de la radio rurale, des familles ont accepté de mettre à la disposition du musée des reliques leur appartenant».

D’une superficie d’environ mille mètres carrés, on y trouve quasiment tous les objets dont se servaient les Peulhs dans leur vie quotidienne.

Le co-fondateur du musée, Bonata Dieng explique «le musée est bâti autour d’une logique issue des recherches ethnographiques des plus grands chercheurs qui ont étudié la culture peulh».

Aujourd’hui, le défi de ce musée, c’est surtout de préserver la culture des peuples habitants du Fouta Djallon. Néanmoins, malgré ses de 20 ans d’existence, les difficultés restent quasiment les mêmes qu’à ses débuts, relève le directeur scientifique du musée, Ousmane Tounkara. «Tout est fait sur fonds propres. Le digital n’est pas encore mis à profit et c’est dommageable au fonctionnement de ce musée».

Le Musée du Fouta, au-delà de ses objets précieux, c’est aussi un espace littéraire et spirituel. Un cadre de réflexion et débats autour des problématiques liées à la culture des habitants du Fouta.

Par Mamadou Mouctar Souaré (Conakry, correspondance)
Le 11/06/2024 à 10h24