La loi d’orientation, qui supprime les classes bilingues durant les trois premières années du cycle fondamental dans l’enseignement privé, continue de susciter l’indignation des parents d’élèves.
Il faut dire que les autorités, pressées de faire passer cette loi adoptée en 2022, semblent avoir mis la charrue avant les beaufs. Sinon, comment justifier le refus d’admission d’élèves en âge d’aller à l’école dans le privé, alors l’école publique n’est pas en mesure d’en absorber le flux des nouveaux élèves devant intégrer le primaire?
Face à cette situation, certains parents d’élèves n’ont trouvé d’autre solution que d’envoyer leurs enfants vivre dans les pays voisins, notamment au Sénégal, pour les y inscrire. En parallèle, que vont devenir les investissements lourds consentis par les acteurs du secteur de l’enseignement privé?
Lire aussi : Nouakchott: des parents d’élèves manifestent contre la réforme de l’enseignement primaire
Conscientes des échecs de cette politique, les autorités ont fini par accorder quelques dérogations à certains établissements privés. Cependant, ces mesures demeurent insuffisantes, particulièrement pour les familles les plus modestes. Le paradoxe est d’autant plus frappant que les promoteurs de cette réforme n’envoient pas leurs propres enfants dans les écoles publiques mauritaniennes.
Zeinabou Dioum, parente d’élèves, s’insurge contre la loi d’orientation de juillet 2022, qui prive plusieurs centaines de milliers d’enfants du droit universel à une éducation de qualité. Elle déplore également le comportement des forces de police contre les professionnels de l’enseignement privé et les parents d’élèves, empêchés de choisir librement l’éducation de leurs enfants, tout en étant privés de leur droit constitutionnel de manifester pacifiquement. Elle se dit aussi choquée par les scènes de poursuites dans les rues contre des citoyens n’ayant commis aucune infraction.
Lire aussi : Mauritanie. Écoles publiques surchargées, les privées désertées: la réforme qui perturbe les élèves
Démou Sissoko, employée dans une école privée, plaide pour un accès équitable à une éducation de qualité pour tous les enfants, leur permettant ainsi de participer pleinement au développement du pays. Elle appelle le président de la République à intervenir pour résoudre cette crise qui affecte le secteur de l’enseignement privé.
Mohamed Mahmoud, syndicat de l’enseignement privé, critique une mesure gouvernementale, qui frappe de plein fouet une école en crise depuis plusieurs années, dégrade le système éducatif et prive les enfants d’un droit élémentaire. Il plaide en faveur d’une solution rapide et en appelle à sa sagesse des autorités.