Rwanda: «Je décris l’absurde de tous les jours», rencontre avec l’humoriste Hervé Kimenyi

Hervé Kimenyi, humoriste, acteur, chorégraphe rwandais et co-fondateur des Comedy Knights.

Le 18/03/2025 à 11h15

VidéoC’est un des rares humoristes rwandais d’expression française. Hervé Kimenyi est également acteur, chorégraphe et co-fondateur des Comedy Knights, un groupe de comédiens rwandais qui se sont unis pour promouvoir et développer les industries créatives à travers l’humour. Il se produit sur différentes scènes en Afrique et en Europe et aborde des sujets sérieux, les clichés sur l’Afrique et les abus religieux, comme dans son dernier one man show intitulé «1984».

Le360 Afrique: Vous avez nommé votre dernier spectacle 1984. Pourquoi?

Hervé Kimenyi: Le spectacle s’appelle 1984, comme le roman de George Orwell. C’est un roman dystopique qui a été écrit à la fin de la deuxième guerre mondiale. Le roman parle d’une société où plus personne ne peut penser comme il veut, doit s’habiller comme tout le monde ‘Big Brother is watching’. C’est assez hilarant pour moi parce que c’est exactement le même truc qu’on vit aujourd’hui. C’était un roman prémonitoire et au lieu de l’écouter on l’a suivi.

Quel genre de blagues racontez-vous dans ce spectacle?

Je ne pense pas que j’écris des blagues en fait. Je pense que je décris juste l’absurde de tous les jours. On vit des choses totalement incroyables en ce moment et si on prend le temps de les observer, on va réaliser qu’on vit quand même dans un monde de fous. Et des fois je m’étonne des fois que l’on soit si peu à le remarquer et à le pointer du doigts. Donc, ce ne sont pas des blagues, c’est triste à mourir ce que je raconte.

Est-ce que c’est facile d’être un comique au Rwanda?

Hervé Kimenyi: Au fait la question que tu es en train de me poser c’est: est-ce que les rwandais rigolent? Oui, ils rigolent à leur manière. On n’est pas très exubérant et très avare de nos paroles et de nos émotions mais on rigole. Un Rwandais peut ne pas émettre le moindre son pendant toute la soirée mais à la fin de la soirée il va te dire: ‘je me suis marré'. Je ne peux pas me dire qu’un Rwandais doit rigoler comme un Ivoirien ou un Marocain ou un Congolais mais il a son truc à lui et la pire des choses qu’un humoriste puisse faire sur scène, c’est de sous-estimer son public et de lui manquer de respect.

Quel serait ton conseil aux jeunes qui s’aventurent dans ce métier?

Il faut se poser les bonnes questions comme quand on se lance sur n’importe quel chemin. Qu’est-ce que tu cherches? L’argent rapide? Ce n’est pas le bon métier. La célébrité facile? Ce n’est pas le bon métier. Tu veux la vie facile? Ce n’est pas le bon métier. Mais si tu penses vraiment que ce que tu es en train de faire c’est pour relever le niveau, là tu es sur la bonne voie. Il faut que ces jeunes comprennent qu’il n’y a rien de valable qui arrive juste comme ça. Il faut travailler, y mettre du sien, tomber, se relever et s’accrocher.

Par Fraterne Ndacyayisenga
Le 18/03/2025 à 11h15