Afrique du Nord: voici les montants des recettes touristiques de l’Egypte, du Maroc et de la Tunisie à fin juin 2025

Des sites touristiques en Afrique du Nord.

Le 02/08/2025 à 17h04

A l’instar des arrivées de touristes, les recettes touristiques ont également fortement augmenté au niveau des trois pays d’Afrique du Nord: Egypte, Maroc et Tunisie. Ces recettes figurent parmi les principales sources de devises des pays de la région, qui confortent ainsi leur position de premières destinations touristiques du continent africain.

La dynamique des arrivées de touristes au niveau de la région Afrique du Nord se traduit également par une hausse des recettes de voyages. En effet, à fin juin 2025, les recettes touristiques cumulées de l’Egypte, du Maroc et de la Tunisie, les trois premières destinations touristiques africaines, se sont établies à hauteur de 15,06 milliards de dollars, en hausse de 19,52% par rapport à la même période de l’année dernière. Cette progression résultant essentiellement de la forte hausse des arrivées de touristes.

Toutefois, on note globalement que les recettes touristiques, bien qu’en fortes progressions, évoluent moins rapidement que les arrivées de touristes. Il existe un net déphasage entre les croissances des arrivées et celles des recettes, notamment au Maroc où, exprimées en monnaie locale, le dirham, les revenus du tourisme affichent une progression de seulement 9,60%.

Par ailleurs, si le Maroc et l’Egypte sont au coude-à-coude en ce qui concerne les arrivées de touristes, avec respectivement 8,9 et 8,7 millions de visiteurs accueillis à fin juin 2025, au niveau des recettes, le pays des pharaons dame largement le pion au Royaume, avec un surplus de plus de 2 milliards de dollars en faveur de l’Egypte. Une situation qui se reflète certainement au niveau des offres. Le Maroc bénéficie d’une offre diversifiée (culture, nature, mer et désert) et d’une connectivité renforcée grâce aux compagnies low-cost, ce qui permet d’attirer un large public de voyageurs européens, notamment des Espagnols et Français, alors que l’Egypte capitalise surtout sur ses sites historiques de l’époque des pharaons qui génère davantage de recettes.

Maroc: un déphasage entre les progressions des recettes et des arrivées

Les recettes touristiques marocaines au titre du premier semestre 2025 se sont établies à 5,4 milliards de dirhams, affichant une progression de 9,53%. Exprimées en devises américaines, ces recettes s’établissent à 5,94 milliards de dollars (au taux de change de 1 dollar=9,10 dirhams).

Cette progression n’a pas été uniforme durant les 6 premiers mois de l’année. Après une hausse de 10% à 8,8 milliards de dirhams en janvier, les recettes touristiques ont chuté de -5,09% en février dernier, par rapport à la même période de l’année dernière, avant de stagner à +1,14% en mars à 8,92 milliards de dirhams. Du coup, les recettes n’ont progressé que de 2,4% au terme du premier trimestre 2025 à 24,62 milliards de dirhams. L’effet du mois de Ramadan qui a coïncidé cette année avec le mois de mars y est pour quelque chose. De même, le nombre grandissant de touristes arrivant au Maroc par le biais des compagnies low-cost explique en partie aussi cette faible progression des recettes. De même, le fait que de nombreux Marocains résidant à l’étranger (MRE) qui rentrent durant cette période fréquente peu les hôtels explique aussi la non-prise en compte de leurs dépenses.

Toutefois, une forte reprise des recettes a été enregistrées durant le second trimestre avec des hausses records en avril (+20,50% à 9,8 milliards de dirhams), mai (+12,9% à 10,68 milliards de dirhams.

Globalement, la progression des recettes (+9,53%) a été beaucoup moins forte que celle des arrivées (+19%) durant le premier semestre 2025, à cause notamment des résultats moyens enregistrés durant le premier trimestre. Toutefois, les causes profondes de ce déphasage méritent d’être analysées afin que les corrections nécessaires soient apportées pour éviter que la destination Maroc ne glisse peu à peu vers un modèle de tourisme de masse, peu générateur de devises. En effet, la dépense moyenne par touriste durant le premier semestre s’est établie à 667 dollars, soit 2,67 fois supérieur à celui de la Tunisie. Toutefois, il est très largement au-dessous de celle de l’Egypte qui est de 925 dollars par touriste.

Pour ce qui est des perspectives, les fortes progressions enregistrées durant le second trimestre augurent de bonnes perspectives de recettes durant la période estivale qui correspond aux pics d’arrivées de touristes étrangers et des retours des Marocains résidant à l’étrangers. De même, le démarrage de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) en décembre prochain devrait booster les recettes durant le dernier mois de l’année en cours et impacter positivement sur les revenus touristiques du pays.

Les recettes touristiques constituent une source de devises pour les réserves de change et jouent un rôle important au niveau de la balance des opérations courantes marocaines. Elles constituent la troisième source de devise du pays après les recettes d’exportation et les transferts des MRE.

Egypte: le pays des pharaons garde la main sur les recettes touristiques

En 2024, l’Egypte a été détrônée par le Maroc en tant que première destination touristique africaine en termes d’arrivées de touristes, mais le pays des pharaons avait réussi à maintenir son rang de premier bénéficiaire de recettes touristiques du continent. Les indicateurs du secteur montrent que si les deux pays sont au coude-à-coude en matière d’arrivées de touristes, l’Egypte a creusé l’écart en matière de revenus touristiques. A fin juin 2025, le pays a engrangé 8,05 milliards de dollars de recettes touristiques pour 8 millions de touristes, devançant le Maroc de plus de 2 milliards de dollars.

Les revenus du tourisme égyptiens durant le semestre écoulé ont progressé 22%, globalement en phase avec les arrivées en progression de 25%.

L’Egypte qui est une destination plutôt culturelle, mais aussi balnéaire, attire des touristes plus fortunés dont des Allemands, des Saoudiens et des ressortissants des autres pays du Golfe qui sont beaucoup plus dépensiers que les Espagnols, Français, Belges et Italiens qui séjournent en masse au Maroc et en Tunisie. Cette hausse s’explique aussi par la fréquentation élevée des établissements hôteliers avec un taux d’occupation moyen des hôtels dépassant 75% au niveau de Charm el-Cheikh, certains hôtels dépassant même des taux d’occupation supérieurs à 90% au niveau des stations balnéaires.

Ainsi, la dépense moyenne par touriste s’est établie à 925 dollars durant le premier semestre de l’année, soit 1,4 fois de plus que le Maroc et 3,7 fois la Tunisie.

Les recettes touristiques constituent la troisième source de devises du pays après les recettes d’exportation et les transferts de la diaspora égyptienne, la plus forte du continent avec plus de 10 millions d’Egyptiens à l’étranger.

Pour le reste de l’année, l’Egypte qui table sur 18 millions de touristes au titre de 2025, devrait aussi enregistrer cette année un nouveau record de recettes touristiques. Les autorités égyptiennes tablent sur des recettes de 18,3 milliards de dollars en 2025, en hausse de 9,5% par rapport à l’année précédente.

Tunisie, une dépense moyenne par touriste très faible

Selon les données de la Banque centrale de Tunisie, les recettes touristiques se sont établies à 3,3 milliards de dinars au terme du premier semestre 2025. En monnaie locale, ces revenus affichent une hausse de 8,4%, par rapport à la même période de l’année dernière. Exprimées en dollars, ces recettes se sont établies à 1,07 milliard (en raison d’un cours moyen des 6 premiers mois de l’année de 1 dollar=3,07 dinars), en hausse de plus de 15%, grâce notamment à l’appréciation du dinar vis-à-vis du dollar américain. On note que la progression des recettes (+8,5%) est inférieure à celle des arrivées de touristiques (+11,5%).

Au-delà, la dépense moyenne d’un touriste (recettes touristiques/Arrivés de touristes) s’est établie autour de 250 dollars. Une moyenne qui figure parmi les plus faibles du continent africain et qui est largement inférieure à celle de l’Egypte et du Maroc. Une donnée qui s’explique par le modèle de tourisme de masse adopté par la Tunisie depuis de nombreuses années et qui bénéficie surtout aux Tours opérateurs européens qui recourent aux formules «all inclusive» qui rapportent très peu en devises au pays.

Les recettes touristiques sont l’une des principales sources de devises de la Tunisie, à côté des recettes d’exportation et des transferts de la diaspora tunisienne. Elles contribuent à améliorer les réserves de change du pays et la balance des opérations courantes.

Enfin, du côté des perspectives de revenus touristiques pour les trois pays, pour le second semestre, les recettes devraient être beaucoup plus importantes que celles enregistrées durant les six premiers mois de l’année en cours.

Cette période coïncidant avec les retours en masse des diasporas des pays de la région pour les grandes vacances estivales, il est fort probable que les recettes touristiques des trois pays dépassent largement celles enregistrées en 2024 qui s’étaient établies à hauteur de 30 milliards de dollars.

Par Moussa Diop
Le 02/08/2025 à 17h04