Après le désengagement du continent du Crédit Agricole, du BPCE suivi de celui de BNP Paribas, c’est autour de Société Générale, la banque française la plus présente sur le continent, d’entamer la réduction de sa voilure en Afrique. En effet, le groupe vient de céder d’une seule traite quatre de ses filiales africaines. Il s’agit des filiales Société Générale Congo (93,5%), Société Générale de Banques Guinée Equatoriale (57,2%) Société Générale Mauritanie (95,5%) et Société Générale Tchad (67,8%).
Les deux premières ont été cédées au Groupe Vista de Simon Tiemtore alors que les secondes ont été acquises par le groupe Coris Bank International du burkinabè Idrissa Nassa. Selon un communiqué du groupe Société Générale, «les deux groupes bancaires panafricains Vista et Coris reprendraient la totalité des activités opérées par Société Générale au Congo, en Guinée équatoriale, en Mauritanie et au Tchad, ainsi que l’intégralité des portefeuilles clients et l’ensemble des collaborateurs au sein de ces entités».
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Pour le moment, ces cessions ne concernent que les plus petites filiales africaines du groupe. Toutefois, d’autres pourraient suivre. C’est le cas notamment de la filiale tunisienne du groupe, Union international de banques (UIB), contrôlée à hauteur de 52,34% par la banque française. Le conseil d’administration de la filiale tunisienne a été informé, le 6 juin courant, d’une «réflexion stratégique» sur la participation au capitale de l’UIB. En clair, la banque française pourrait céder cette participation.
Concernant les autres filiales, Société Générale estime que «l’Afrique est une zone géographiquement à potentiel de croissance où le groupe a bâti une présence historique et entend concentrer ses ressources sur les marchés où il peut se positionner parmi les banques de tout premier plan, en synergie avec les autres métiers du Groupe et avec une taille critique permettant une contribution satisfaisante et durable à la création de valeur».
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Toutefois, ces cessions ne doivent pas occulter la tendance observée ces dernières années et qui a vu les grandes banques françaises se désengager du continent. C’est le cas du Crédit Agricole, du BPCE et de BNP Paribas qui ont quitté définitivement ou cédé presque la quasi-totalité de leurs filiales africaines. Une tendance enclenchée à la fin des années 1990 et qui s’est accélérée au cours de ces dernières années.
Ainsi, le groupe Crédit Agricole a bouclé son désengagement africain entamé à la fin des années 2000 avec la cession de sa filiale Crédit du Maroc au groupe marocain Holmarcom. La banque verte française ne compte plus qu’une seule filiale en Afrique, celle d’Egypte. Le groupe Banque Populaire et Caisse d’Epargne (BPCE) ont suivi la tendance
BNP Paribas, la plus grande banque européenne en termes d’actifs, a suivi les deux groupes français. Après avoir entamé son désengagement en 2010 avec la cession de sa filiale mauritanienne, la banque a accéléré la cadence en 2019 en cédant six filiales d’un coup (Comores, Gabon, Tunisie, Mali, Burkina Faso et Guinée). En 2022, BNP Paribas a cédé sa filiale sénégalaise et ne compte désormais que deux filiales implantées en Côte d’Ivoire et au Maroc. La filiale ivoirienne du groupe est sur la liste des filiales africaines à céder. Ainsi, le groupe ne devrait conserver que sa filiale marocaine, BMCI.
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Plusieurs facteurs expliquent ces désengagements. Il y a avant tout, la perte d’influence économique française en Afrique et l’avènement de champions bancaires africains (Attijariwafa bank, Bank of Africa, Banque Populaire, Coris Bank, First Bank, Standard Bank Group, Absa Bank, Ecobank, United bank for Africa, Oragroup…)
Intervient également l’influence grandissante de nouveaux pays africains (Maroc, Afrique du Sud, Nigeria, Egypte…) et étrangers tels que la Chine, la Turquie, la Russie ou encore l’Inde, au détriment de la France dans les pays francophones du continent.
Enfin, le recentrage des banques françaises s’explique aussi par des soucis de rentabilité et d’amélioration de leurs indicateurs financiers. Ainsi, selon le communiqué de Société Générale, les cessions des quatre filiales africaines, citées plus haut, auraient un impact positif d’environ 5 points de base sur le ratio de solvabilité Common Equity Tier 1 (CET1) du Groupe à leur date de finalisation qui pourrait intervenir d’ici la fin de l’année.