Blé: le top 3 des pays africains dont les importations devraient grimper à la prochaine campagne agricole

Un champ de blé arrivé à maturité.. AFP or licensors

Le 13/05/2024 à 17h02

Les importations de blé en Afrique devraient connaître des variations notables, avec des pays enregistrant une hausse due à la sécheresse. Zoom sur les perspectives du département américain de l’agriculture (USDA) pour la prochaine campagne agricole.

«L’Égypte sera le premier importateur mondial de blé pour la campagne 2024-25 avec des importations prévues à 12 millions de tonnes. Les importations égyptiennes devraient rebondir à mesure que le pays se remet des pénuries de devises et s’efforce de reconstituer ses stocks. Outre le blé moulu pour la consommation intérieure, l’Égypte devrait également continuer à exporter de la farine de blé vers des pays voisins tels que le Soudan. Les conditions de sécheresse nécessiteront des importations plus importantes dans d’autres pays d’Afrique du Nord, notamment au Maroc», annonce le rapport que vient de publier le département américain de l’agriculture (USDA) sur les perspectives mondiales de production, consommation et commerce du blé pour la prochaine campane céréalière 2024-25.

Des prévisions qui apportent un éclairage sur la situation alimentaire en Afrique. Avec une production mondiale record attendue de 798,2 millions de tonnes, les pays africains devraient être confrontés à des défis de taille en termes d’approvisionnement et d’accessibilité.

Selon le département américain de l’agriculture, l’Egypte devrait confirmer son rang de premier importateur mondial et sur le continent avec 12 millions de tonnes, soit une hausse de 1 million de tonnes par rapport à 2023-24. Cette augmentation s’explique par la disponibilité accrue de devises étrangères et les efforts de reconstruction des stocks stratégiques et du programme de subvention du pain. L’Algérie, quant à elle, devrait voir ses importations reculer de 500 000 tonnes à 8,5 millions, lors de la campagne 2024-25, grâce à une production intérieure plus importante.

Au Maroc en revanche, les importations devraient grimper à 7,5 millions tonnes pour la campagne 2024-25, face aux effets de la sécheresse sur la production nationale, soit une hausse de 1 million de tonnes par rapport à la campagne 2023-24. Rappelons que le rapport du département américain de l’agriculture base ses prévisions sur des importations de 6,5 millions tonnes pour le Maroc, au cours de la campagne 2023-24.

Le Nigéria, confronté à la dévaluation du Naira et à la rareté des devises, devrait maintenir ses importations à 4,8 millions de tonnes malgré une demande intérieure affaiblie par l’inflation alimentaire.

Le Soudan et le Kenya, eux, devront augmenter légèrement leurs importations, respectivement de 100.000 et 200.000 tonnes, pour répondre à la croissance de la consommation humaine liée à la démographie galopante du continent.

La plus forte hausse en volume pour le Maroc

Bien que l’Egypte domine les importations africaines, c’est le Maroc qui devrait connaître la plus forte hausse en volume en raison du déficit pluviométrique, prévoit le département américain de l’agriculture. Une tendance qui souligne la vulnérabilité du Royaume aux aléas climatiques et la nécessité de renforcer la résilience agricole face au changement climatique.

Du côté des exportations, les pays de la mer Noire comme la Russie, l’Ukraine et l’UE devraient rester les principales sources d’approvisionnement pour l’Afrique en 2024-25, malgré des baisses de volumes liées à des récoltes plus faibles. La Russie, premier exportateur mondial pour la 5ème année consécutive avec 50,5 millions de tonnes, devrait consolider son emprise sur les marchés africains, compensant partiellement les chutes d’exportations ukrainiennes et européennes.

Cette situation interroge sur les risques de dépendance excessive de l’Afrique vis-à-vis de ces fournisseurs traditionnels, qui pourrait fragiliser la sécurité alimentaire du continent en cas de nouvelles perturbations géopolitiques ou climatiques majeures dans ces zones exportatrices.

Au niveau continental, le commerce intra-africain du blé reste marginal, les principaux couloirs d’échanges reliant l’Afrique du Nord aux pays du Sahel. L’Égypte, bien que gros importateur, devrait exporter pendant la campagne 2023-24 jusqu’à 1,4 million de tonnes de farine de blé vers d’autres pays africains, dont le Soudan voisin. Lors de la campagne précédente, le pays a exporté 1,2 million de tonnes de farine de blé vers le reste du continent. Cela montre que le déficit céréalier chronique n’empêche pas certaines dynamiques régionales d’échanges.

En définitive, ce rapport de l’USDA met en lumière les défis multidimensionnels auxquels l’Afrique est confrontée pour assurer sa sécurité alimentaire céréalière. Aux chocs d’offre mondiaux s’ajoutent les vulnérabilités internes : aléas climatiques, inflation importée, déficits de productivité et de compétitivité agricoles.

Une équation complexe qui nécessite une stratégie agricole et commerciale intégrée à l’échelle continentale. Développer une filière blé africaine dans les zones à fort potentiel, constituer des stocks régulateurs, promouvoir les échanges intrarégionaux et optimiser la logistique sont autant de leviers à actionner. Avec l’objectif de réduire, à terme, la dépendance excessive du continent aux importations et aux chocs exogènes.

Par Modeste Kouamé
Le 13/05/2024 à 17h02