Cameroun: pourquoi les petites pièces ne sont plus monnaie courante

Des pièces de monnaies du franc CFA.

Le 19/02/2025 à 10h55

VidéoLa Banque des États de l’Afrique Centrale a beau annoncer l’émission des pièces de 25, 50 et 100 d’une valeur de 150 millions de FCFA, rien n’y fait. La pénurie de cette menue monnaie, si elle entrave les petites transactions commerciales, représente un apport non négligeable pour la très lucrative bijouterie chinoise. Fabriquées, selon les périodes, d’alliage de cuivre, de nickel, d’aluminium et de laiton, ces pièces sont frappées à Chamalières par la Banque de France.

Les pièces de 25, 50 et 100 fcfa se font rares au Cameroun et les usagers en souffrent depuis plusieurs années et mis en place un système D pour faire face à la situation.

Dans les espaces marchands de la ville de Yaoundé, les commerçants en appellent aux autorités, comme cette vendeuse de piment, «nous supplions la Banque des États de l’Afrique Centrale (Beac) de tenir sa promesse de mettre en circulation une quantité importante de pièces de monnaie. C’est depuis une dizaine années que nous vivons cette pénurie. Et c’est vraiment un problème qui nous dérange au marché», a-t-elle déclaré.

Cette commerçante fait allusion à l’annonce faite par Banque des États de l’Afrique Centrale (BEAC), en septembre 2024, de fabriquer des pièces de 25, 50 et 100 FCFA, à hauteur de 150 millions FCFA. L’objectif de cette opération est de faire face à la persistance de la pénurie des pièces de monnaie dans les pays de la Communauté économique et monétaire des États de l’Afrique centrale (Cémac), un groupement formé du Congo, Cameroun, Centrafrique, Gabon, Guinée équatoriale et Tchad. La BEAC a révélé qu’il s’agit de «la plus grande crise monétaire divisionnaire dans la sous-région depuis 2004-2005

De la part des autorités, les usagers disent n’avoir reçu aucune explication à cette pénurie des pièces de monnaie qui fragilise l’économie du pays. Un silence qui donne libre cours aux spéculations notamment aux soupçons selon lesquels ce sont les citoyens d’un grand pays asiatique qui seraient derrière ce trafic de ces pièces à l’aide desquelles ils fabriqueraient des bijoux et d’autres objets de valeur. Vrai ou faux? Peu importe la réponse aux Yaoundéens qui ne s’intéressent qu’au retour en grande quantité des pièces de monnaie dans l’économie du pays.

Mais le ministre des Finance, Louis Paul Motaze semble, du moins en 2020, sa petite idée: «Les Chinois possèdent dans plusieurs villes camerounaises les machines à sous, dans des salles de jeux, qui servent à collecter les pièces de 50 et 100 FCFA. Ces Chinois en partance pour leur pays, avaient été interpellés maintes fois à l’aéroport de Yaoundé, en possession de sacs de pièces de monnaie (...) Certains de nos compatriotes auraient fait de la collecte des pièces une activité rémunérée au profit des Asiatiques. Il s’agit d’un vaste réseau de trafic de pièces de monnaie. Le gouvernement fait de son mieux pour le démanteler», avait souligné le ministre.

Le spécialiste chinois des bijoux en or, Lao Feng Xiang, souligne à l’agence Anadolu que la bijouterie traditionnelle chinoise peut être faite de pierre et de perles et disques de jade, de cordon, et de pièces de monnaie «dont celles exportées de certains pays africains tels que le Cameroun». En attendant, ce sont les petits commerçants qui pâtissent le plus de cette pénurie d’un genre nouveau.

Par Jean-Paul Mbia (Yaounde, correspondance)
Le 19/02/2025 à 10h55