Considéré comme un nid de terroristes, l’Extrême-Nord du Cameroun est devenu le principal terrain d’exactions du groupe Boko Haram qui sévit autour du Lac Tchad. Pour nettoyer cette zone de non-droit, les autorités camerounaises multiplient les initiatives militaires afin de faire reculer la secte nigériane. Mais Yaoundé ne se contente pas seulement de montrer ses muscles.
En gardant le doigt sur la gâchette, le gouvernement camerounais promeut en parallèle de nombreux projets sociaux et économiques dans l’objectif de faire revivre cette partie du pays qui vit dans une extrême pauvreté.
Selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU, pour le seul mois de pars dernier, «au moins 87 incidents de sécurité ont été rapportés, avec un bilan d’au moins 18 personnes tuées, 16 blessés et 16 enlevés. En plus des violences physiques et des enlèvements, les fréquentes attaques et incursions des groupes armés non-étatiques dans les villages sont accompagnées par des pillages et/ou des destructions des habitations et biens des populations».
C’est dans cette optique que la Banque africaine de développement a accordé un prêt de 203,11 millions d’euros à ce pays de l’Afrique centrale pour l’aménagement territorial et la promotion du secteur privé dans l’Extrême-Nord.
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«Cette opération, par son caractère intégrateur, servira d’élément catalyseur à la mise en œuvre de plusieurs autres projets, notamment, dans les secteurs de l’agriculture et de l’agro-industrie, de l’eau et l’assainissement ainsi que la promotion du capital humain», a déclaré Serge N’Guessan, directeur général Afrique centrale et représentant pays de la Banque africaine de développement au Cameroun, cité par un communiqué de la BAD.
Cet appui financier, a-t-il ajouté, constitue une des réponses efficaces à la marginalisation socio-économique dont cette région, la plus pauvre du Cameroun, souffre depuis plusieurs années, et qui justifie l’option prise par la Banque, en concertation avec le gouvernement, d’y concentrer ses actions.
Ainsi, ce prêt de la BAD, plusieurs travaux d’infrastructures sont prévus dans le cadre du projet et des activités d’appui à la résilience et à la vulnérabilité.
Il s’agit notamment de la réhabilitation des tronçons routiers entre Moutourwa et Maroua, long de 36 kilomètres, sur la route nationale n°1, et entre Magada et Yagoua (137 kilomètres), sur la route nationale n°12 , ainsi que des aménagements socio-économiques susceptibles de contribuer à apporter une réponse aux divers problématiques sociales auxquelles les populations de la zone Est font face. Les spécifications techniques relatives auxdits travaux prendront en compte les mesures de résilience face aux changements climatiques, nous dit-on.
En outre, le projet permettra de valoriser les infrastructures routières à réhabiliter ou à construire dans sa zone d’intervention, en favorisant l’implication du secteur privé pour contribuer à la réalisation des objectifs de développement.
Ces activités de promotion du secteur soutiendront en particulier le développement des chaînes de valeur agricoles à fort potentiel de croissance et de transformation industrielle pour créer de la valeur ajoutée le long des corridors routiers concernés dans les spéculations suivantes : mil, sorgho, anacarde, oignon, riz, maïs, tomate, pomme de terre, arachide, fruits ainsi que les petits et gros ruminants.
À terme, le projet bénéficiera à toute la population de la région de l’Extrême-Nord du Cameroun et, de façon spécifique, aux groupements de producteurs et autres acteurs du secteur privé. Les bénéficiaires indirects sont les populations de la région du Lac Tchad et celles des zones frontalières avec le Nigeria et le Tchad.
En plus de la BAD dont le portefeuille actif au Cameroun s’élevait à 2,12 milliards de dollars américains au 1er juin 2023, l’Union européenne, partenaire stratégique de la Banque, soutient cette opération à travers un don du EU-Africa Infrastructure Trust Fund, à hauteur de 30 millions d’euros.