L’Afrique est à la croisée des chemins dans sa lutte contre les effets dévastateurs du changement climatique. Le rapport trimestriel de Gallagher Re, spécialiste et leader mondial du courtage en assurances et la gestion des risques, sur les catastrophes naturelles souligne les répercussions disproportionnées que subit le continent africain. Malgré des pertes économiques mondiales relativement modérées au premier trimestre 2024, estimées à 43 milliards de dollars, l’Afrique continue de subir les conséquences des phénomènes météorologiques extrêmes.
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Au total, les pertes économiques directes liées aux catastrophes naturelles rien qu’en Afrique durant le premier trimestre 2024 sont estimées à environ 1 milliard de dollars. Ce montant, bien que provisoire, représente déjà près du double de la moyenne décennale pour la même période. Les compagnies d’assurance ont dû débourser plus de 375 millions de dollars pour indemniser les dommages assurés, soit 20% de plus que la norme habituelle.
Selon le rapport de Gallagher Re, cette flambée des coûts s’explique en grande partie par l’influence persistante du phénomène météorologique El Niño, qui a engendré des conditions propices aux événements extrêmes à travers le continent. Les épisodes les plus onéreux ont été les inondations en République démocratique du Congo, ayant fait 238 victimes, ainsi que les cyclones Belal et Gamane, respectivement dans l’océan Indien et à Madagascar.
Illustration des dégâts du cyclone Belal à Maurice, en janvier 2024.. Intish Howlodhur via REUTERS
Mais la sécheresse constitue la principale préoccupation pour de nombreux pays africains. Les anomalies de précipitations illustrent l’ampleur du problème, avec 80 à 90% de la surface du continent enregistrant des déficits pluviométriques allant jusqu’à -100% par rapport aux normales saisonnières. Cette situation menace la sécurité alimentaire, l’accès à l’eau et les moyens de subsistance de millions de personnes. De plus, cette situation pourrait s’aggraver avec le basculement annoncé vers la phase La Niña dans les prochains mois.
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Les régions les plus touchées sont l’Afrique australe, déjà frappée par une grave sécheresse en 2023, ainsi que la Corne de l’Afrique. Au Zimbabwe et en Zambie, les récoltes de maïs ont chuté drastiquement, menaçant la sécurité alimentaire de millions de personnes. En Zambie, la sécheresse a été déclarée urgence nationale après l’échec de près d’un million d’hectares de cultures de maïs. En Éthiopie, en Somalie et au Kenya, la conjonction de la sécheresse et des conflits armés plonge une partie de la population dans une insécurité alimentaire aiguë. Les pénuries d’eau ont également causé la mort de nombreux animaux d’élevage.
Parallèlement, les inondations continuent de faire des ravages. En République démocratique du Congo, les inondations ont fait 238 victimes en janvier, tandis qu’en Afrique du Sud, elles ont causé des dégâts économiques considérables. Au Kenya, les inondations de Nairobi fin mars ont coûté la vie à 10 personnes. Ces événements mettent en lumière la vulnérabilité croissante des populations et des infrastructures face aux aléas climatiques.
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Les cyclones tropicaux représentent une menace supplémentaire. Le cyclone Belal, qui a frappé l’île de La Réunion en janvier avec une force record, a entraîné plus de 100 millions de dollars de dommages assurés. À Madagascar, le cyclone Gamane a fait 19 morts et déplacé 20 000 personnes fin mars.
Les tendances historiques indiquent que le continent supporte une part disproportionnée des coûts économiques liés aux catastrophes naturelles. Cette situation soulève des interrogations sur la capacité des marchés d’assurance africains à absorber les chocs futurs.
Phénomènes météorologiques survenus en Afrique au cours du 1er trimestre 2024
Inondation/Cyclone tropical | Date | Pays | Pertes économiques | Nombre de morts | |
---|---|---|---|---|---|
Inondation | 1-17 janvier | République démocratique du Congo (RDC) | non déterminée | 238 | |
Inondation | 10-20 janvier | Afrique du Sud | 10 millions de dollars | 13 | |
Inondation | 24-26 mars | Kenya (Nairobi) | non déterminée | 10 | |
Cyclone Belal | 14-16 janvier | Réunion, Ile Maurice | 275 millions de dollars | 4 | |
Cyclone Gamane | 27-29 mars | Madagascar | non déterminée | 19 |
Systèmes d’alerte précoce, plans d’urgence, mesures d’adaptation
Face à cette crise alimentaire et humanitaire en gestation, les experts tirent la sonnette d’alarme. Pour certains, les pays africains doivent urgemment renforcer leurs capacités d’adaptation au changement climatique, en investissant massivement dans des programmes de gestion durable des ressources en eau et de résilience agricole. D’autres insistent sur la nécessité de repenser les modèles de développement recommandant d’accélérer impérativement la transition vers une économie verte, bas carbone, moins dépendante des énergies fossiles et plus résiliente face aux chocs climatiques.
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Pour relever ces défis, une approche multidimensionnelle s’impose, estiment-ils. Selon ces derniers, il est impératif de renforcer la résilience des communautés et des infrastructures face aux catastrophes naturelles, en investissant dans des systèmes d’alerte précoce, des plans d’urgence et des mesures d’adaptation, recommande d’autres experts. Parallèlement, le développement de marchés d’assurance et de réassurance solides, capables de soutenir les efforts de reconstruction, est essentiel.
Enfin, des politiques climatiques ambitieuses et coordonnées au niveau continental sont indispensables pour limiter les impacts futurs du changement climatique. Cela passe par la promotion des énergies renouvelables, la préservation des écosystèmes naturels et la mise en œuvre de stratégies d’atténuation et d’adaptation adaptées aux réalités locales.
Le rôle clé du secteur de l’assurance
Le secteur de l’assurance a également un rôle crucial à jouer dans la gestion proactive de ces risques croissants. Les compagnies africaines doivent développer des produits d’assurance paramétrique innovants, couplés à des systèmes d’alerte précoce, pour permettre un déploiement rapide de l’aide en cas de catastrophe, recommandent d’autres experts.
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Cependant, ces solutions nécessitent des investissements massifs dans le renforcement des capacités techniques et la collecte de données fiables sur les aléas climatiques locaux.
En définitive, cette nouvelle salve d’événements météorologiques extrêmes au premier trimestre 2024 illustre l’urgence de repenser en profondeur les stratégies de développement et de gestion des risques en Afrique. Une action concertée et ambitieuse des gouvernements, des institutions financières et du secteur privé sera indispensable pour relever ce défi de taille et préserver les acquis économiques et sociaux du continent.