A l’origine de la décrue des prix et de la fin des pénuries de blé dans le monde, après l’invasion de l’Ukraine par la Russie, l’accord sur les exportations de céréales ukrainiennes depuis les ports de la mer Noire, signé le 22 juillet 2022 sous l’égide de l’ONU et de la Turquie, est menacé.
Un accord pour lequel l’Union africaine avait pesé en déplaçant son président alors en exercice, Macky Sall, et le président de la Commission de l’UA, Moussa Faki Mahamat, à Moscou, pour demander la levée du blocus russe sur les exportations ukrainiennes qui menaçait la sécurité alimentaire du continent.
En effet, la Russie a tout simplement fait part de son intention de ne pas renouveler l’accord à quelques jours de son expiration si, en contrepartie, elle n’obtenait pas la levée des blocages sur ses propres exportations agricoles.
Selon le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, cette question a été débattue avec son homologue turc, Mevlut Cavusoglu, dont le pays est garant, avec l’ONU, de l’application de cet accord, lors du sommet des ministres des Affaires étrangères du G20 qui se tient à New Delhi.
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Il faut souligner que les sanctions des pays occidentaux ne touchent pas explicitement le secteur agricole russe, contrairement à celui de l’énergie. Toutefois, les restrictions sur la logistique, le système de paiement et l’assurance constituent des obstacles majeurs pour les autres exportations russes, notamment celles concernant les produits agricoles, notamment le blé, et les engrais.
Cette annonce russe intervient 16 jours avant l’expiration de l’accord et au lendemain de la demande ukrainienne pour le démarrage des négociations avec les partenaires de l’accord -ONU et Turquie- pour sa prolongation d’au moins d’un an.
L’annonce de Lavrov suscite de l’inquiétude dans le monde. Et pour cause, la Russie et l’Ukraine sont deux puissances agricoles mondiales. En effet, le déclenchement de la guerre avait entrainé le blocage de quelque 20 millions de tonnes de blé et de maïs dans les ports ukrainiens.
Une situation qui avait entrainé des pénuries, dans un contexte de baisse de la production mondiale dans d’autres régions à cause des conditions climatiques défavorables, provoquant une flambée du prix du blé. Le cours du blé avait atteint des sommets historiques entrainant des hausses des prix des produits dérivés : farine, semoule, pâtes… Une situation qui a aggravé l’inflation au niveau mondial.
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L’Ukraine est un grand exportateur de produits agricoles. Le pays exportait environ 3 millions de tonnes de produits agricoles par mois dans le cadre de cet accord. L’arrêt de l’accord entrainera certainement une poussée des cours des céréales sur les marchés mondiaux. En octobre 2022, la Russie était sortie de l’accord entrainant une hausse des cours du blé suite à une attaque de la flotte en mer Noire.
Ainsi, avec cette annonce, la Russie joue l’une de ses cartes, perturber la chaîne alimentaire mondiale. Les craintes de nouvelles pénuries et de hausses des prix sont légitimes. Et pour cause, l’Afrique importe plus des deux tiers de sa consommation en blé. Et pour ne pas arranger la situation, la Russie et l’Ukraine, respectivement 2e et 4e exportateurs mondiaux de blé avec plus de de 29% des exportations mondiales (17% pour la Russie et 12% pour l’Ukraine), sont les principaux fournisseurs du continent.
Certains pays africains sont dépendants à 100% des importations de blé en provenance de ces deux pays. L’Egypte, premier importateur mondial de blé et qui en importe autour de 13 millions de tonnes par an, est approvisionné, avant la crise, à hauteur de 85% en blé russe et ukrainien. La Tunisie et le Sénégal s’approvisionnent également à hauteur de 60% de leurs besoins en blé chez ces deux fournisseurs..
Du coup, l’arrêt des importations en provenance de l’Ukraine risque d’entrainer une perturbation des chaînes d’approvisionnement en blé, oléagineux, maïs… du continent.
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Une situation qui risque d’entraîner des pénuries dans certains pays et surtout une nouvelle flambée des prix, surtout quand on sait que la production de blé sera à la baisse dans un certain nombre de pays producteurs (Ukraine, Australie et UE) et qu’à cause de la sécheresse, beaucoup de pays africains du nord et de l’est, les principaux producteurs de blé d’Afrique, vont voir leur production reculer cette année.
Rappelons que le cours moyen du blé avait grimpé à 390,50 dollars la tonne en février 2022 suite au déclenchement de la guerre en Ukraine, avant d’atteindre un pic à 522,29 dollars en mai avant de descendre à 386,33 dollars en décembre dernier. Les semaines passées, le cours a continué de baisser pour atteindre son niveau d’avant la guerre en s’échangeant, début du mois de mars, autour de 300 dollars la tonne.