Classement speedtest: le Top 10 africain du haut débit mobile à l’aune des records d’arrivées de touristes

Le 19/01/2025 à 13h03

Alors que plusieurs pays africains ont connu une année record en 2024 pour les arrivées de touristes, où en sont-ils en termes de connectivité mobile haut débit? Selon le dernier classement Speedtest d’Ookla, leader mondial de l’intelligence de la connectivité internet, l’Afrique du Sud, le Maroc et le Kenya forment le trio de tête africain pour le débit mobile de téléchargement. Mais quelle est vraiment leur position au niveau international?

Les leaders africains du tourisme disposent-ils réellement d’un avantage concurrentiel en matière de très haut débit mobile? Le Maroc vient de réaliser une année exceptionnelle en matière de tourisme. Il y a quelques jours de cela, la ministre du Tourisme Fatim-Zahra Ammor célébrait une «étape historique» pour le Royaume, devenu première destination touristique d’Afrique avec 17,4 millions de visiteurs en 2024, soit une croissance de 20% par rapport à l’année précédente. Comme l’a souligné la ministre du Tourisme, de l’Artisanat et de l’Économie Sociale et Solidaire, «cette réalisation exceptionnelle établit fermement le Maroc comme la première destination touristique d’Afrique». Une performance à replacer dans le contexte du dernier classement Speedtest d’Ookla sur les débits mobiles dans le monde.

Ookla, leader mondial de l’intelligence de la connectivité internet depuis 2006, publie chaque mois ce palmarès de référence. Il s’appuie sur des millions de tests consommateurs menés avec l’application Speedtest pour évaluer les performances réelles des réseaux mobiles et fixes dans plus de 200 pays.

En décembre 2024, le Maroc pointe à la 2ème place africaine avec un débit de téléchargement mobile médian de 45,67 méga bit par seconde (Mbps), derrière l’Afrique du Sud (49,81 Mbps) mais devant le Kenya (28,85 Mbps).

Le Top 10 continental à fin décembre 2024

Selon les derniers chiffres publiés en décembre 2024, le Royaume s’est hissé à la deuxième place continentale avec un débit médian de 45,67 Mbps, devançant des pays comme le Kenya (3ème en Afrique et 85ème dans le monde avec 28,85 Mbps). Seule l’Afrique du Sud, 1er en Afrique et 61ème dans le monde fait mieux avec 49,81 Mbps, mais l’écart se réduit progressivement, témoignant des efforts constants du Maroc pour moderniser ses infrastructures de télécommunications. Sur le plan mondial, cette prouesse permet au pays de gagner une place pour pointer au 64ème rang.

Ce palmarès africain du haut débit mobile voit également la Tunisie (4ème en Afrique et 90ème dans le monde avec 27,12 Mbps), l’Egypte (5ème en Afrique et 92ème dans le monde avec 24,20 Mbps) et l’Algérie (6ème en Afrique et 95ème dans le monde avec 23,09 Mbps) confirmer leur bonne tenue. La Tanzanie (22,83 Mbps), le Nigeria (18,67 Mbps), la Libye (16,83 Mbps) et le Mozambique (12,23 Mbps) ferment la marche de ce Top 10 continental.

Cette percée marocaine démontre l’engagement des autorités à développer une infrastructure gage d’attractivité pour les investisseurs étrangers, mais aussi pour les touristes et d’amélioration du quotidien numérique des citoyens.

Des écarts de performances notables

Si les dix premiers pays d’Afrique arborent fièrement des débits 4G corrects, voire excellents, pour les médailles d’or et d’argent, d’importants écarts de performances subsistent. Avec 37,58 Mbps d’écart entre le premier, l’Afrique du Sud, et le dernier, le Mozambique, le contraste est saisissant.

Il faut dire que ces écarts reflètent les différents niveaux d’investissements et de déploiements des réseaux 4G par les opérateurs mais aussi les stratégies gouvernementales en la matière. Le Maroc et d’autres pays ont massivement misé sur la 4G pour en faire un levier de développement économique et social. Soulignons aussi l’impact du déploiement de la 5G naissante: elle commence à tirer les performances vers le haut pour les pays pionniers mais reste un facteur marginal à ce stade.

Si aucun pays africain ne figure dans le Top 50 mondial de la vitesse de téléchargement mobile en décembre 2024, le Maroc enregistre la plus forte hausse du débit de téléchargement avec +0,49 Mbps par rapport à novembre 2024. Le Nigeria (-0,24 Mbps) et l’Algérie (-0,33 Mbps) ont en revanche régressé.

Qu’en est-il de la vitesse de transfert et de la latence du réseau

Que nous révèle d’autre les derniers chiffres du Speedtest Global Index de Ookla en matière de performances Upload (vitesse de transfert des données depuis l’appareil vers le réseau) et de la Latence (temps de réponse du réseau) ?

Au classement africain pour la performance Upload en décembre 2024, le Maroc se classe là encore à la deuxième position avec 12,72 Mbps, derrière la Tunisie (14,09 Mbps) mais devant le Kenya (9,57 Mbps). Un résultat honorable, mais qui cache des disparités préoccupantes avec d’autres destinations touristiques majeures du continent.

La première place est occupée par l’Afrique du Sud, qui affiche une performance Upload de 9,17 Mbps seulement. Bien que ce soit le meilleur score africain, il reste très inférieur à la moyenne mondiale de 11,82 Mbps pour la même période. Cette faiblesse généralisée des débits montants en Afrique pourrait poser des problèmes pour des activités essentielles au tourisme numérique, comme le partage de contenus multimédias en temps réel ou la vidéoconférence de qualité.

Pour la latence, indicateur clé de la réactivité d’un réseau, le Maroc enregistre une performance de 25 millisecondes (ms), ce qui le classe 2ème en Afrique derrière la Tunisie (22 ms) mais devant l’Algérie et la Tanzanie (28 ms). Un résultat correct, mais qui contraste avec les performances de l’Afrique du Sud (23 ms) et de l’Égypte (30 ms), deux pays très touristiques également.

Des chiffres qui démontrent que malgré les progrès réalisés, le Maroc doit encore relever des défis majeurs en termes d’infrastructure réseau pour soutenir son ambition touristique. Une Latence élevée peut considérablement dégrader l’expérience client, en particulier pour des usages comme le streaming vidéo ou les jeux en ligne, très prisés des touristes.

Quid des hôtels à l’ère du nomadisme numérique ?

Au-delà des chiffres bruts, c’est la qualité d’expérience globale qui compte désormais. Avec l’essor du nomadisme numérique et des nouveaux modes de consommation, l’enjeu est d’assurer une connectivité mobile de qualité à très haut débit pour les usages les plus exigeants comme la vidéo 4K ou les jeux en streaming.

Or, sur ce terrain, les débits records ne suffisent pas toujours. Le Maroc, pourtant 2ème africain, n’affiche que 12,72 Mbps en upload et 25 ms de latence mobile. De quoi limiter les performances pour les transferts de données, les visioconférences ou le gaming en ligne très sensibles à la réactivité du réseau.

«C’est là que se joue la bataille de l’attractivité à l’ère du tourisme à très haut débit», prévient une autre étude que vient de publier Ookla, basée sur les données de Speedtest Intelligence. L’étude qui évalue les performances Wi-Fi dans 22 hôtels et resorts cinq étoiles les mieux notés de la région Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord, a identifié ceux avec les meilleures performances et mis en évidence les tendances régionales en matière de connectivité numérique.

L’analyse classe les performances Wi-Fi des hôtels en trois catégories. Les plus performants englobent les hôtels dont la vitesse de téléchargement médiane dépasse 100 Mbps, capables de prendre en charge plusieurs flux 4K, des téléchargements ultra-rapides et des conférences vidéo sans latence. Four Seasons à Riyad, Raffles the Palm et Jumeirah Mina Al Salam, tous deux à Dubaï, sont en tête de liste avec des vitesses de téléchargement médianes de 154,75 Mbps, 122,82 Mbps et 121,35 Mbps, respectivement.

Le deuxième groupe comprend les hôtels dont la vitesse de téléchargement médiane se situe entre 50 et 100 Mbps. Parmi les établissements notables de ce groupe figurent le Rixos Sharm El Sheikh en Égypte (93,70 Mbps), le Burj Al Arab (85,39 Mbps) et le Royal Atlantis (78,59 Mbps) à Dubaï, le Mamounia à Marrakech (55,33 Mbps), ou encore le Kempinsky hôtel à Mascate (65,36 Mbps), le Fairmont à Doha (50,17 Mbps).

Les établissements sous-performants comprennent des hôtels et resorts dont la vitesse de téléchargement médiane est inférieure à 50 Mbps. Plus de 45% des établissements examinés appartiennent à cette catégorie dans laquelle figurent le Four Seasons Resort Marrakech (19,21 Mbps), Four Seasons Resort Sharm El Sheikh (18,46 Mbps), le Ritz-Carlton de Doha (29,38 Mbps), le Rixos de Dubaï (29,53 Mbps), le Royal Mansour à Marrakech (46,11 Mbps). «Bien qu’elle soit suffisante pour une seule diffusion en haute définition ou 4K, cette vitesse a des limites potentielles, surtout en période de forte utilisation», souligne l’étude.

Les performances exceptionnelles des réseaux Wi-Fi dans les hôtels de luxe de Riyad et Dubaï illustrent parfaitement l’importance cruciale d’offrir une connectivité internet ultra-rapide pour répondre aux attentes élevées des voyageurs d’aujourd’hui. Ainsi, les destinations qui arriveront à combiner des débits descendants de premier plan avec une excellente qualité d’expérience multimédia prendront un avantage compétitif décisif. Une bataille que le Maroc, fort de ses 17,4 millions de visiteurs en 2024, gagnerait à remporter à l’avenir. Un enjeu de taille pour consolider son rang de leader touristique africain.

Top 10 des pays africains en termes de débit médian de téléchargement mobile à fin décembre 2024

PaysDébit de téléchargement mobile médian (en méga bit par seconde ou Mbps)Rang en AfriqueRang mondialDébit de transfert médian (en méga bit par seconde ou Mbps)Latence du réseau (en millisecondes ou ms)
Afrique du Sud49.811er61ème9.1723
Maroc45.672ème64ème12.7225
Kenya28.853ème85ème9.5730
Tunisie27.124ème90ème14.0922
Egypte24.205ème92ème5.5430
Algérie23.096ème95ème10.8228
Tanzanie22.837ème96ème10.6226
Nigeria18.678ème103ème10.6531
Libye16.839ème104ème6.6126
Mozambique12.2310ème108ème9.5433

Source : Ookla.

Par Modeste Kouamé
Le 19/01/2025 à 13h03