C’est dans un contexte délicat pour la France, marqué par une remise en question de ses accords de défense avec certains pays africains comme le Tchad et un appel pressant des dirigeants de la CEMAC (Communauté Économique et Monétaire de l’Afrique Centrale) pour des réformes économiques urgentes afin d’éviter une crise régionale, que le Trésor français vient de publier le détail de ses stocks d’investissements directs étrangers (IDE) en Afrique centrale, dans le numéro 250 de son bulletin d’information «Objectif Afrique».
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La CEMAC est un espace peuplé d’environ 45 millions d’habitants regroupant six pays: Cameroun, Centrafrique, Congo, Gabon, Guinée Equatoriale et Tchad.
Selon les données publiées, le stock total des IDE français dans la CEMAC s’est établi à 5,6 milliards d’euros en 2023, un niveau quasi-identique à celui de l’année précédente. La CEMAC représente environ 10% du stock total d’IDE français en Afrique en 2023, soulignant l’importance stratégique de cette région pour les investisseurs français sur le continent africain.
Malabo, capitale de la Guinée Équatoriale.. DR
Le Congo, poids lourd des IDE français dans la région
Le Congo Brazzaville se positionne comme le principal récipiendaire des IDE français dans la zone CEMAC, captant environ 44% du total régional avec 2,4 milliards d’euros en 2023. «Ce stock d’IDE français reflète le poids des secteurs extractifs congolais pour les capitaux étrangers», souligne le bulletin d’information de la Direction du Trésor. Cependant, ce stock a enregistré une baisse de 30% sur un an, illustrant les défis auxquels le pays fait face dans un contexte économique difficile.
Le Cameroun, une destination en plein essor
Avec un stock d’IDE français de 1,8 milliard d’euros en 2023, représentant 34% du total régional, le Cameroun s’affirme comme la deuxième destination privilégiée des investissements français dans la CEMAC. Fait notable, ce stock a connu une augmentation substantielle de 84% par rapport à 2022, reflétant l’intérêt croissant des investisseurs français pour ce pays malgré les défis économiques régionaux. « Cette dynamique contraste avec celle des flux d’IDE globaux vers le Cameroun qui, d’après la CNUCED, ont fléchi de 14% en 2023 », précise le bulletin.
Le Gabon, troisième destination des IDE français
Le Gabon se classe en troisième position avec de 981 millions d’euros en 2023, soit près de 18% du total régional. Ce stock a connu une croissance de 20% sur un an, témoignant de l’attractivité persistante du pays pour les investisseurs français, probablement portée par le secteur pétrolier et minier.
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Jusqu’en 2007, le Gabon représentait le principal destinataire des IDE français dans la zone grâce aux importants investissements des groupes pétroliers. Aujourd’hui, la part apparente des IDE français dans le pays ne cesse de reculer, en dépit de la croissance de 20% observée entre 2022 et 2023.
Les autres pays de la CEMAC à la traîne
La République Centrafricaine, le Tchad et la Guinée Équatoriale représentent des parts modestes avec respectivement 3%, 1% et 1% en 2023. Aucune évolution significative du stock d’IDE français n’a été observée dans ces pays par rapport à 2022.
Cette répartition du stock d’IDE français dans la CEMAC illustre une concentration des investissements dans quelques pays de la région, notamment le Congo, le Cameroun et le Gabon. Cette concentration peut s’expliquer par des facteurs tels que la stabilité politique, l’environnement des affaires, les ressources naturelles et le potentiel de croissance économique de ces pays.
Bien que les perspectives d’évolution du stock d’IDE français dans la CEMAC pour 2024 restent mitigées, les pays les plus attractifs comme le Cameroun pourraient continuer à tirer leur épingle du jeu. Cependant, la situation économique difficile de la région et les défis liés à la diversification économique, à la gouvernance et à la compétitivité pourraient peser sur les décisions d’investissement des entreprises françaises.
Des interrogations sur la pérennité de ces investissements
Comme indiqué plus haut, cette publication intervient à un moment charnière où les relations économiques et stratégiques entre la France et les pays d’Afrique centrale sont en pleine mutation. D’un côté, la France cherche à préserver ses intérêts économiques dans une région riche en ressources naturelles, comme en témoigne la concentration de ses IDE au Congo, pays phare des industries extractives. De l’autre, elle est confrontée à des revendications accrues d’autonomie et de souveraineté de la part de ses partenaires africains.
Dans ce contexte tendu, la publication du Trésor français sur les IDE revêt une importance particulière. Il souligne le rôle central que continuent de jouer les investissements français, notamment au Cameroun où ils ont fortement augmenté malgré un climat économique régional difficile. Cependant, les perspectives mitigées pour 2024 et les défis liés à la diversification économique, la gouvernance et la compétitivité soulèvent des interrogations sur la pérennité de ces investissements.
La publication de ces chiffres apparait donc comme un signal envoyé aux pays de la CEMAC, réaffirmant l’engagement économique de la France dans la région tout en soulignant les efforts à fournir pour maintenir un environnement propice aux investissements étrangers. Elle intervient également à un moment où le soutien du FMI et d’autres partenaires internationaux est jugé crucial pour aider ces pays à mettre en œuvre les réformes nécessaires.
Répartition du Stock d’IDE français entre pays de la CEMAC
| Pays | Part dans le stock d’IDE (en %) | Volume d’IDE (en euros) | Rang régional |
|---|---|---|---|
| Congo | 44 | 2,4 milliards | 1er |
| Cameroun | 34 | 1,8 milliards | 2ème |
| Gabon | 18 | 981 millions | 3ème |
| République Centrafricaine | 3 | 168 millions | 4ème |
| Tchad | 1 | 56 millions | 5ème |
| Guinée Équatoriale | 1 | 56 millions | 6ème |
Source : Trésor français.
