Pratiquée à proximité de la rencontre des eaux de l’Océan Atlantique, de la rivière Bandama et de la lagune Tagba, la production halieutique à Grand Lahou représente 60% des activités économiques de la localité, en raison de la richesse des ressources naturelles l’océan. L’activité de la pêche artisanale n’est pas réservée qu’aux hommes. Dans cette région, les femmes sont le principal moteur du développement de la pêche artisanale. Ce sont elles qui fournissent l’argent aux pêcheurs.
«Par le passé, nos mamans allaient dans les eaux pour pêcher et jusqu’à nos jours, elles continuent d’appuyer les hommes en contribuant autrement mais tout aussi efficacement. Elles sont amont comme en aval de l’activité dans notre localité. Dans la chaîne de production de poissons, la femme mareyeuse et transformatrice de poissons joue un rôle capital. En effet, elle est la première à fournir les capitaux nécessaires à la pêche artisanale à Grand Lahou. «Elles financent, en effet, majoritairement le matériel de pêche et participent depuis le débarquement à la commercialisation du poisson», explique Michel Segui, président de la Société Coopérative Simplifiée WALÊ des artisans pêcheurs de Grand-Lahou.
Michel Segui a évoqué le plan stratégique triennal 2023-2025 qui vise à renforcer la résilience des communautés littorales en particulier les mareyeuses et les groupes de pêcheurs face aux effets du changement climatique et à l’érosion.
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Pour les autorités, l’appui des femmes au secteur de la pêche est indéniablement à un coup de pouce à l’émergence de cette activité. Vu la part active qu’elles ont dans le développement des activités économiques dans la région, «les femmes mareyeuses méritent d’être encouragées», soutient le secrétaire général de la préfecture de Grand Lahou. «Les femmes mareyeuses ont une part très active à essor de l’économie de Grand Lahou. Elles contribuent à la commercialisation des produits de la pêche. Il faut donc les encourager (…),» renchérit, Yao Koffi Michel.
Malgré leur important apport pour faire éclore l’activité, ces femmes essuient des abus de confiance de la part de leurs associés, auxquels il faut ajouter les difficultés à faire face de la pratique. «Nous les femmes, contribuons beaucoup dans la pêche dans la commune de Grand Lahou. Le secteur emploie plus de 75% de femmes dans le domaine de la pêche artisanal dans le département de Grand Lahou».
Cependant, il y a de contestation dans l’air: «Les pêcheurs vendent le poisson dans d’autres villages et nous font croire que l’activité ne va pas bien, que la pêche n’est plus fructueuse (…) et empochent l’argent. Cela nous crée d’énormes problèmes. Surtout que, bien souvent, nous contractons des crédits pour les financer et après, nous nous retrouvons qu’avec des dettes au lieu des retours sur investissements que nous sommes en droit d’attendre. C’est déplorable ! (…), dénonce Takoui Delphine, présidente de l’Union des coopératives des femmes de la pêche artisanale de la localité.
«Les pêcheurs vendent le poisson dans d’autres villages (…) et empochent l’argent. Cela nous crée d’énormes problèmes»
— Takoui Delphine
La responsable des femmes n’a pas manqué de formuler des plaidoyers, «nous demandons qu’il y ait désormais des points de débarquements fixes pour faciliter le ralliement de sorte à nous permettre d’avoir accès assez vite aux poissons. Aussi aimerions-nous avoir des fours améliorés pour fumer sur place les poissons. Cela va accélérer l’acheminement des poissons et l’approvisionnements sur le marché. Pendant la pêche saisonnière, les poissons débordent. Nous avons donc besoin de chambres frigorifiques pour la conservation du poisson et pour mieux les écouler». Ces conditions réunies, elles contribueront à l’autonomisation de ces femmes qui s’adonnent à l’activité.
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L’activité est encore pratiquée de façon artisanale. Ainsi pour une amélioration conséquente, il est important que les acteurs respectent les lois qui régissent le secteur. «Au niveau de la pêche, il y a des lois. Nous invitons les pêcheurs à respecter ces lois qui sont déjà éditées pour pouvoir mieux avancer», invite Koné Yakouba, directeur régional des ressources animales halieutiques des Grands Ponts.
La pêche artisanale participe à la réduction du chômage de la femme avikam et contribue à l’épanouissement et à la sécurité alimentaire des familles. Il est donc important de venir en aide à ces femmes qui sont un appui solide à l’activité de la pêche à Grand Lahou. Les aider pourrait contribuer à la sécurité alimentaire et à la promotion de l’emploi.
La pêche en Côte d’Ivoire ne participe qu’à hauteur de 7% du produit intérieur brute (PIB) agricole et reste une activité économique secondaire.