Côte d’Ivoire: les revenus des producteurs de cajou augmentent de moitié, les routes se font attendre

Des ouvrières dans une unité de transformation de noix de cajou à Bouaké

Des ouvrières dans une unité de transformation de noix de cajou à Bouaké. AFP or licensors

Le 18/01/2025 à 14h01

VidéoLe prix bord champ du kilogramme d’anacarde a été fixé à 425 FCFA, soit une augmentation significative de 54% par rapport à la campagne précédente. La Côte d’Ivoire est le 3e transformateur et fournisseur d’amandes de cajou après le Vietnam et l’Inde. La filière emploie près de 400.000 producteurs et génère les plus importantes devises d’exportation du secteur agricole après le cacao et le caoutchouc naturel.

En marge des Journées nationales du producteur du coton et de l’anacarde (JNPCA), qui ont débuté vendredi 17 janvier 2025, le ministre d’État, de l’Agriculture, du Développement rural et des Productions vivrières, Kobenan Kouassi Adjoumani, a annoncé une décision majeure, à la surprise générale, pour les producteurs ivoiriens. Le prix minimum bord-champ de la noix de cajou, bien séchée et bien triée, est désormais fixé à 425 Francs CFA le kilogramme pour la campagne 2025, contre 275 FCFA lors de la campagne précédente.

Selon les statistiques officielles, «la filière de la noix de cajou occupe près de 400.000 producteurs et génère les plus importantes devises d’exportation du secteur agricole après le cacao et le caoutchouc naturel.» Cette filière a connu un rapide développement, la production est passée de 100.000 tonnes en 2002 à plus de 1,2 million de tonnes dix ans plus tard.

«J’ai l’honneur et le plaisir de vous annoncer au nom du Vice-Président de la République, que le prix minimum bord-champ de la noix de cajou, bien séchée et bien triée, pour la campagne 2025 est fixé à 425 Francs CFA contre 275 Francs CFA, lors de la campagne précédente, soit une augmentation de 150 francs le kilogramme», a déclaré Kobenan Kouassi Adjoumani, ministre de l’Agriculture.

Cette décision s’inscrit dans une dynamique visant à valoriser davantage la filière anacarde, secteur stratégique pour l’économie nationale. Selon le ministre, cette augmentation permettra aux producteurs d’engranger un revenu supplémentaire estimé à 173 milliards de Francs CFA, portant ainsi les revenus globaux des producteurs à 489 milliards de Francs CFA pour la campagne 2025.

Cette augmentation du prix bord-champ a été accueillie avec enthousiasme par les acteurs de la filière anacarde. Pour eux, elle représente une reconnaissance concrète de leur travail et un levier pour améliorer leur qualité de vie. De nombreux producteurs, présents lors des JNPCA, ont exprimé leur satisfaction et leur espoir de voir cette dynamique se poursuivre dans les années à venir.

«C’est un sentiment de joie et de fierté qui m’anime en ce moment de constater que l’Etat nous a honoré, nous les producteurs d’anacarde en rehaussant le prix de l’anacarde. Nous ne pouvons que leur dire merci», a exprimé Karim Bamba, producteur d’anacarde, conseiller technique de l’OIA.

Si l’augmentation est largement saluée, certains producteurs rappellent que des défis majeurs subsistent. Les infrastructures routières, notamment dans les zones de production comme le Bounkani, le Hambol ou encore le Zanzan, continuent de poser problème.

«Nous saluons cet effort, c’est une bonne nouvelle en effet, mais nous espérons aussi que l’État investisse dans la réhabilitation des routes pour faciliter l’évacuation de nos produits vers les centres de collecte, mais nous espérons encore davantage pour que nos efforts sur le terrain soient pleinement récompensés», confient-ils, les yeux tournés vers l’avenir.

Cette mesure reflète la volonté du gouvernement ivoirien de renforcer son soutien au secteur agricole, tout en poursuivant ses efforts pour accroître la valeur ajoutée des productions locales. La filière anacarde, souvent qualifiée de «locomotive» de l’agriculture ivoirienne, confirme une fois de plus son rôle central dans le développement économique du pays.

Par Emmanuel Djidja (Abidjan, correspondance)
Le 18/01/2025 à 14h01