À Mali, ville guinéenne à 500 kilomètres de Conakry, la culture de la pomme de terre est une activité pratiquée quasiment par tous les habitants. Une communion qui se manifeste le 15 septembre de chaque année lors de la fête de la pomme de terre.
Dans son petit jardin du domicile ou sur des domaines légèrement vastes, la culture de ce tubercule est omniprésente. Une tradition qui remonte aux années 1920 lorsque fut introduite la pomme de terre en Guinée mais c’est en 1974 que des expériences de multiplication de certaines variétés européennes furent menées dans cette ville du nord de la Guinée.
Un héritage que perpétue, comme tant d’autres, Moussa Nabe Souaré: «nos grands-parents cultivaient la pomme de terre. Selon les explications, ce sont les colons qui ont amené la pomme de terre ici. Après expérimentation, on a trouvé que ça marche bien.»
La culture de la pomme de terre à Mali, en Guinée.. le360 Afrique/Souaré
Passionné de la culture de pomme de terre, Moussa Souaré révèle que: «la variété la plus répandue à Mali, c’est la Nicolas qui est résistante aux maladies». Cette variété a été l’une des premières introduites au pays et son succès s’explique car «se conserve plus facilement dans les conditions actuelles de producteurs ce qui justifie son adoption par une grande majorité.»
Mais depuis les premières expérimentations du début du siècles dernier, de l’eau a coulé sous les ponts. Actuellement, les habitants, tous de petits producteurs, peinent à perpétuer cette pratique. En cause, un champignon microscopique, le mildiou, a ravagé cette culture notamment en 2022, une épidémie qui n’a pas épargné Mali.
Face à ce champignon qui peut «entraîner en quelques jours des pertes de rendement considérables, voire une destruction complète de la parcelle», plusieurs producteurs de pomme de terre ont été contraints de prendre des décisions radicales, celles de s’orienter vers des spéculations moins risquées et économiquement plus porteuses.
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C’est notamment le cas de Alimou Diallo, agriculteur qui indique «nous avons opté pour la culture du chou, plus résistant à certaines maladies. C’est nettement mieux que la culture de la pomme de terre que nous sommes sur le point d’abandonner. Récemment, j’ai cultivé une tonne de pomme de terre mais j’ai tout perdu. Depuis je ne fait plus de la pomme de terre.»
Les responsables de la chambre nationale d’agriculture, à l’écoute des paysans, essaient d’encourager et souvent de soutenir ces producteurs. Aujourd’hui, le risque pour les habitants de Mali, c’est de voir un jour cet héritage séculaire disparaître. Certaines variétés de pommes de terre, jadis fort prisées sont aujourd’hui introuvables. Et si rien n’est fait, la ville de Mali, qui célèbre la pomme de terre chaque 15 septembre, tout risque de disparaître.