La 3ᵉ édition du Forum de l’Investissement au Féminin (ou Women’s Investment Club-WIC) a pour objectif de donner aux femmes un accès privilégié aux instruments financiers modernes et aux opportunités qu’offre le numérique pour un développement économique plus inclusif.
Cependant, avant explorer les voies à même de faire profiter les entrepreneures des potentiels qu’offre l’IA, une étude de l’ONU-femmes s’est penchée sur la contribution de l’entreprenariat et du leadership féminins à la valeur ajoutée de l’économie sénégalaise.
Publiée en 2022 mais prenant 2017 comme année de référence, cette étude distingue deux types d’entreprenariat, le formel et l’informel. Au total, l’entreprenariat et le leadership féminins ont contribué à hauteur de 2.681 milliards FCFA à la création de valeur ajoutée, soit 22,1% du PIB du Sénégal.
Que leur activité soit reconnu ou non, les femmes entrepreneures se heurtent aux difficultés d’accès au financement, aux taxes, à la corruption à l’insuffisance de matériel et de personnels qualifiés...
Astou Dia, présidente du WIC, en a rappelé les objectifs du forum «c’est de sensibiliser les entrepreneurs aux opportunités qu’offre l’IA, mais aussi d’identifier les défis à relever dans nos écosystèmes, de saisir ces opportunités, de mettre en place des processus guidés par l’intelligence artificielle et, encore une fois, de faire grandir ses projets et son entrepreneuriat grâce à l’IA.»
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Une vision partagée par de nombreuses femmes venues s’inspirer et apprendre comment les outils numériques peuvent renforcer leurs activités. Dans le secteur agroalimentaire, l’intelligence artificielle devient un véritable allié pour la création de contenus et la gestion des ventes.
Youma Dème, entrepreneure dans l’agroalimentaire, témoigne. «Surtout pour la création de contenus, de flyers ou de calendriers éditoriaux, l’IA nous facilite beaucoup la tâche. On peut planifier à l’avance nos publications hebdomadaires ou mensuelles, gagner du temps dans la rédaction de nos recettes, et booster les ventes grâce à de meilleurs visuels.»
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Pour d’autres, comme Carmen Crydiac, cofondatrice d’une marque de cosmétique, l’enjeu est d’abord de valoriser les produits africains avant d’intégrer progressivement l’Intelligence artificielle dans leur stratégie. «Nous voulons valoriser les cheveux africains pour permettre aux femmes d’avoir les techniques et les produits nécessaires à leur entretien. Nous proposons des laits capillaires, des huiles, des masques et des après-shampooings. Pour l’instant, je n’utilise pas encore l’IA, mais je sais que je le ferai plus tard, car elle permet d’optimiser la publicité et le visuel, et d’atteindre plus rapidement nos objectifs».
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Ces initiatives suscitent l’intérêt des autorités publiques. Le ministre de l’Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de l’Élevage, Mabouba Diagne, promet un accompagnement renforcé pour les femmes entrepreneures, notamment dans les filières agricoles et agroalimentaires. «Chaque semaine, je leur envoie ce que nous identifions comme opportunités. Nous leur disons, de venir codévelopper des projets pour former et formaliser les femmes à travers des coopératives agricoles communautaires, et les accompagner en financement.»
À travers ce forum, le Women’s Investment Club poursuit son ambition: faire de l’intelligence artificielle un levier d’inclusion, d’innovation et de compétitivité pour l’entrepreneuriat féminin au Sénégal et en Afrique de l’Ouest.




