Echanges commerciaux Afrique-Chine: toujours en hausse, toujours déséquilibrés

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Le 25/08/2023 à 09h15

Selon les données officielles chinoises, les échanges commerciaux des sept premiers mois de l’année ont atteint 158,36 milliards de dollars, en hausse de 7,4%. Toutefois, la balance commerciale est largement en faveur de la Chine, malgré les exonérations de droits de douane sur les exportations de produits au profit de 18 pays africains.

Sur la période de janvier-juillet 2023, les échanges commerciaux entre la Chine et l’Afrique se sont établis à 158,35 milliards de dollars, en hausse de 7,4% par rapport à la même période de l’année dernière, selon les données officielles de l’administration des douanes chinoises publiées mercredi 23 août 2023 et rapportées par l’agence officielle Xinhua.

Sur ce montant, les exportations de la Chine vers le continent ont augmenté de 20% pour atteindre 98,55 milliards de dollars, alors que ses importations en provenance du continent africain se sont établies à seulement 59,25 milliards de dollars. La Chine réalise donc un excédent commercial de 39,5 milliards de dollars au terme des sept premiers mois de l’année.

En clair, en dépit des critiques sur le déséquilibre des échanges entre les deux parties et des intentions chinoises d’y remédier, le compte est loin d’être bon pour le continent africain. Les bonnes intentions ne suffisent pas à rééquilibrer les échanges entre les deux parties. Et la situation demeurera en l’état tant que la nature des échanges commerciaux ne changent pas.

En effet, la Chine exporte vers l’Afrique des produits finis: textile, machines, navires, équipements électronique, véhicules…. Autrement dit, des produits à valeur ajoutée. Ainsi, selon les données chinoises, les exportations de navires, d’automobiles, de produits mécaniques et électriques ont augmenté, respectivement, de 81,30%, 26,10% et 32,50%. Ces trois catégories de produits ont représenté 50,1% du volume du commerce bilatéral.

Quant aux importations du géant chinois en provenance d’Afrique, elles concernent essentiellement des matières premières, notamment du pétrole et des minerais (cobalt, cuivre, fer…), du sable minéralisé, des produits agricoles… qui alimentent l’industrie chinoise.

Ainsi, c’est surtout grâce aux minerais stratégiques du continent que la Chine est leader mondial du secteur de la fabrication des batteries électriques. Or, ces matières premières, sans valeur ajoutée, ne rapportent pas grand-chose aux pays africains. Pire, la plupart des minerais importés par la Chine du continent, dont les minerais stratégiques, sont exploités par des entreprises chinoises implantées en Afrique.

D’où le déséquilibre commercial en faveur de la Chine. Pour réduire le déficit commercial, la Chine a supprimé les droits de douane sur 98% des produits importés de 18 pays africains parmi les moins avancés. Cette mesure n’a pas eu de réels l’impacts. Ces pays n’exportant que des produits agricoles et des matières premières dont l’industrie chinoise à besoin, contribuent, au contraire, à améliorer la compétitivité des entreprises chinoises qui bénéficient des matières premières à moindre coût qu’aux pays africains exportateurs.

Dans ces conditions, l’objectif de la Chine d’atteindre 300 milliards de dollars d’importations en provenance d’Afrique par an à l’horizon 2035 reste hypothétique. A moins que les pays africains décident de transformer sur place leurs minerais et augmenter ainsi la valeur de leurs exportations.

En attendant, les principaux clients de la Chine en Afrique, l’Afrique du Sud demeure le premier partenaire commercial de l’Empire du milieu, devant le Nigeria et l’Angola. Avec l’Afrique du Sud, les échanges commerciaux ont atteint 31,40 milliards de dollars au titre des sept premiers mois de l’année, représentant 20% du commerce entre la Chine et l’Afrique.

Par Moussa Diop
Le 25/08/2023 à 09h15