L’Afrique manque cruellement d’ingénieurs. La quantité de jeunes pépites formées chaque année dans les écoles et prestigieuses universités marocaines, égyptiennes et sud-africaines peine à satisfaire la forte demande. Le problème ne date pas d’aujourd’hui. En 2019, les spécialistes alertaient déjà sur la nécessité pour le continent de former au moins 300.000 ingénieurs par an jusqu’en 2023.
Difficile de savoir si cet objectif a été atteint mais avec la fuite des cerveaux qu’on dénonce çà et là, il est fort à parier que le besoin se fera encore sentir les années à venir.
Dans plusieurs pays du continent on le redoute déjà et cette crainte a donné naissance à de nombreuses initiatives visant à former des ingénieurs de qualité et en nombre. Et ce n’est pas que dans les Etats émergents comme le Maroc ou en Afrique du Sud ou encore en Egypte qu’on le constate. Dans les pays du Sahel, cette prise de conscience est bien réelle. C’est le cas du Burkina Faso.
Le pays «des hommes intègres», submergé par le boom minier, veut s’armer de petits génies pour mieux exploiter ses énormes gisements. A l’Institut supérieur de génie électrique (ISGE) de Ouagadougou, la capitale burkinabè, le pays formait jusqu’ici que des techniciens supérieurs (bac+2) et des ingénieurs de travaux (bac+3).
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Pour répondre aux besoins exprimés par les entreprises, l’établissement s’oriente désormais vers des filières plus pointues, incluant un cycle d’ingénieur de conception (bac+5), composé des options génie des systèmes électriques et génie des systèmes numériques.
Projet Dorsale Nord
Cette stratégie a trouvé un écho favorable auprès de la Banque africaine de développement qui, dans le cadre du volet de renforcement des capacités du Projet Dorsale Nord, a fait un don en faveur de deux laboratoires à l’ISGE pour un coût total de 555 millions de francs CFA (845 000 euros environ). Cet appui visait à former des compétences dans le génie électrique, aptes à assurer la viabilité des ouvrages ainsi que la pérennité du projet.
«De façon plus générale, il est en parfaite adéquation avec l’importance que la Banque africaine de développement accorde au développement des compétences et à l’employabilité des jeunes», indique Daniel Ndoye, responsable du bureau pays de la Banque au Burkina dans un communiqué.
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L’appui de la BAD va notamment permettre d’accompagner deux laboratoires dont le premier, dédié aux systèmes électriques, est fonctionnel depuis 2019. Doté de quinze postes de travail, il prépare les étudiants à concevoir, programmer et réparer diverses installations : ascenseurs, feux de signalisation, pompes à eau solaire, dispositifs d’énergie éolienne ou encore chaînes de production industrielle.
«La formation est excellente»
La qualité de ces installations a été décisive dans le choix de Christine Naba, cité par le document, de s’inscrire à l’ISGE. «La formation est excellente. Grâce aux équipements disponibles, il y a beaucoup de travaux pratiques, ce qui permet aux étudiants d’allier la théorie à la pratique, si bien qu’on ne se sent pas perdu lorsqu’on effectue des stages en entreprise. J’ai effectué les miens à la Société nationale burkinabè d’électricité et dans des entreprises d’électricité industrielle et d’énergie renouvelable. Nous avons également bénéficié de modules sur l’entreprenariat et le leadership qui préparent à la création d’entreprise», explique-t-elle. Elle indique être actuellement en stage de pré-embauche dans une entreprise spécialisée dans l’électrification rurale et la conception des réseaux électriques.
Josias Idani, un autre étudiant de 24 an, exprime la même satisfaction. «Je suis passionné par le mix énergétique, qui consiste à optimiser la production d’un site à travers plusieurs sources d’énergie, dans le but de réduire au maximum sa facture énergétique. Actuellement, je me sens capable de le faire au niveau d’un bâtiment administratif.»
Pour rappel, le Burkina Faso, qui a produit 57,65 tonnes d’or en 2022, connaît un boom minier depuis 2009. Depuis cette date, l’or est devenu le premier produit d’exportation du pays.