À l’occasion de la première foire de ventes aux enchères des produits de la mer, le Centre de pêche artisanale de Port-Gentil a connu une ambiance de fête, le week-end dernier.
Dès les premières heures de la matinée, plus de 6.000 personnes étaient déjà au rendez-vous dans l’espoir d’être servies parmi les premiers clients. «Nous aurons, ce matin, deux types de ménages: les familles aux faibles revenus et celles qui peuvent s’approvisionner convenablement en poisson», explique Epiphanie Koumba, membre du comité d’organisation de la foire au poissons
Initié par le gouvernement gabonais dans le cadre de son combat contre la vie chère, cette foire a prévu des tickets de 500, 1.000 et 10.00O francs Cfa pour les ménages à revenus modestes. Pour 500 francs CFA, chaque client avait droit à un kilogramme de poisson. Par vague de 10 ou 15, les clients accèdent aux étals de poissons frétillants. Une rare occasion qu’il ne fallait surtout pas rater.
«C’est trop cher pour nous, les mamans qui n’ont pas les moyens. Quand on nous propose du poisson à 500 ou à 1.000 francs Cfa le kilo, vraiment je suis contente», témoigne, Augustine Angué, une octogénaire qui vient d’être servie par l’une des mareyeuses du centre.
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C’est une journée sous pression qui se commence pour Revignet Inguenza. Elle est responsable du Centre de pêche artisanale de Port-Gentil. «J’ai mobilisé 30 pirogues de pêche artisanale pour nous permettre d’avoir au moins 10 à 15 tonnes de poissons et 10 autres tonnes issues de la pêche industrielle», détaille-t-elle
Le Gabon dispose de 370.000 tonnes de biomasses à lever par an. Il n’en prélève que 80.000 tonnes. Selon Pascal Codjo Houangni Ambouroue, ministre de la Pêche, il y a d’énormes opportunités à exploiter. «Cela veut dire qu’il nous faut faire travailler les Gabonais, informer les gens sur un secteur qui reste méconnu. Quand on parle du Gabon en général, on parle du pétrole, du bois et des mines. Mais on oublie que la pêche peut contribuer à la croissance du PIB national».
Alors que la pêche ne représente que 1,5% du Produit Intérieur Brut (PIB), le gouvernement entend le porter d’ici 5 ans à 10%. Défi surréaliste pour les plus sceptiques dans un environnement marin encore largement dominé par une main d’œuvre d’expatriés.
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En dépit de ses atouts naturels et des opportunités d’investissements qu’elle représente, la filière halieutique n’a quasiment jamais bénéficié d’investissement public ou privé. Le ministre de la Pêche est engagé dans un plan d’urgence quinquennal basé prioritairement sur la formation et la nationalisation des emplois. Un projet assorti d’une vaste promotion du domaine maritime gabonais. L’objectif final étant, pour le pays, de capter des fonds d’investisseurs privés.
Pour soutenir la durabilité de la ressource et engager des réformes du secteur, les autorités gabonaises et l’Union Européenne ont signé, en juin 2021, un protocole d’accord d’une valeur de 17 milliards de Francs Cfa.