La corruption et la dilapidation des deniers publics sous le régime de l’ancien président José Eduardo Dos Santos qui a régné sur ce pays pétrolier durant 38 ans -de 1979 à 2017- ont porté un grand préjudice à l’économie angolaise. En atteste, les chiffres faramineux portant sur les montants récupérés par les autorités dans le cadre de la lutte contre la corruption. Une lutte qui touche particulièrement le clan Dos Santos et ses proches.
Ainsi, un total de 16 milliards de dollars constitués d’actifs et de fonds ont été récupérés, selon Eduarda Rodrigues, directrice du Service national angolais de recouvrement des avoirs (SENRA), cité par l’agence portugaise, Lusa. Il s’agit de fonds détournés dans des faits de corruption et qui étaient disséminés en Angola et un peu partout dans le monde et qui ont été recouvrés suite à des jugements définitifs prononcés par la justice.
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Cependant, le gros des deniers publics est loin d’être récupéré quand on sait que, selon les données du Service national de recouvrement des avoirs, les membres de la famille Dos Santos, d’anciens responsables gouvernementaux et des ex-dirigeants de sociétés d’État ont transféré illicitement quelque 150 milliards dollars à l’étranger entre 2001 et 2017.
Et selon les mêmes sources, les autorités attendent la fin d’autres procédures judiciaires pour récupérer l’équivalent de 21 autres milliards de dollars d’actifs détournés disséminés aussi bien en Angola qu’à l’étranger.
Les biens récupérés et en cours de l’être concernent des biens immobiliers, des entreprises, des actions de sociétés cotées, des voitures, de l’argent liquide placé dans des comptes bancaires… Il s’agit de biens mal acquis. Une partie de ces biens a été récupérée des fortunes colossales amassées par les proches de l’ancien président Jose Eduardo dos Santos dont particulièrement des membres de sa famille.
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Si le défunt président, considéré en 2014 comme le chef d’Etat le plus riche du continent par Forbes, n’a pas été inquiété par son successeur, ce ne fut pas le cas de ses enfants. Il faut dire que l’ancien président était accusé d’avoir mis le pays et son économie en coupe réglée au profit de sa famille et proches.
Son successeur, son ancien ministre de la Défense, Joao Lourenço, élu en 2017, n’a pas tardé à lancer une opération mains propres, après avoir écarté l’ancienne garde rapprochée de Jose Eduardo dos Santos de toutes les instances de décisions au sein du parti au pouvoir, des institutions et des entreprises publiques. Et plusieurs dirigeants de ses institutions et entreprises publiques proches de l’ancien président sont aujourd’hui visés par la justice.
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Ainsi, son fils, Jose Filomeno dos Santos, qui dirigeait le fonds souverain angolais en charge d’investir une partie des revenus du pétrole, dont le pays est le second producteur du continent derrière le Nigeria, a été condamné en 2020 à cinq ans de prison pour avoir détourné jusqu’à 1,5 milliard de dollars alors qu’il était à la tête du Fonds souverain angolais.
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Sa fille, Isabel dos Santos, qui fut la femme la plus riche d’Afrique est aujourd’hui recherchée par les autorités angolaises. Elle est accusée d’avoir détourné avec d’autres complices, plus d’un milliard de dollars des comptes de Sonagol (l’entreprise pétrolière angolaise) qu’elle dirigeait et de ceux d’Endiama (entreprise de diamant). En 2020, le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ) a accusé Isabel dos Santos d’avoir détourné d’importantes sommes des caisses du pays. Des accusations que les membres de la famille Dos Santos réfutent. Fin décembre 2022, la Cour suprême angolaise a ordonné la saisie «préventive» d’actifs détenus par la fille ainée de l’ancien président.
Et afin de mieux gérer cette manne, les autorités angolaises réfléchissent sur la création d’un fonds dédié à la gestion de ce patrimoine récupéré au profit de l’Etat et des citoyens angolais.