Fruit de financements communautaires: les premières conserves de tomates «made in Burkina» bientôt sur le marché

Le 23/02/2025 à 08h12

VidéoEn seulement deux mois, le Burkina Faso s’est doté de deux unités de transformation industrielle de tomate, l’une à Yako et l’autre dans la région de Bobo-Dioulasso. Les responsables de cette dernière assurent que les premiers produits seront disponibles sur le marché fin février. Ces deux unités ont principalement été financées par des contributions communautaires.

Autosuffisance et souveraineté alimentaires figurent parmi les priorités des autorités burkinabè qui s’emploient à réduire la dépendance de leur pays vis-à-vis de l’extérieur. L’agriculture burkinabè emploie 86% de la population active et contribue à environ 34% du PIB, d’où l’importance de la transformation locale de ces produits notamment la tomate, fruit périssable par excellence. Le pays en a produit plus de 313.500 tonnes en 2022, d’après les données de la FAO.

C’est dans cette optique que de nombreuses unités industrielles ont été lancées dans le pays, ces derniers mois. Le président Ibrahim Traoré a inauguré, en novembre 2024, la première usine de transformation de tomates à Bobo-Dioulasso, désormais entrée en production. Selon le responsale du projet, les premiers produits seront bientôt disponibles sur le marché fin février 2025 et commercialisés sous la marque A’diaa (saveur en dioula), pour le plus grand plaisir des populations.

Salmata Kafando, vendeuse de légumes, estime que la pâte de tomate est un ingrédient indispensable dans la cuisson de nombreux plats burkinabè et africains. Pour elle, la mise en vente à des prix raisonnables des produits annoncés ne pourra que favoriser de bons moments à partager autour des repas.

D’un coût de 7,5 milliards de francs CFA, cette unité de Bobo-Dioulasso devrait générer 8 milliards de francs CFA de recettes en cinq ans, selon le gouvernement.

Au delà des prix et de l’approvisionnement du marché locale en tomate concentré «made in Burkina Faso», cette unité va surtout contribuer au développement de la culture maraîchère de tomate en encourageant les agriculteurs à investir dans cette culture.

«Pendant la saison des tomates, il arrive que des quantités importantes pourrissent par manque de lieux de stockage adéquats pour la conservation. Certains vendeurs sont obligés de s’en débarrasser avec les pertes que cela entraîne. Mais je pense qu’avec l’avènement de la pâte de tomate ‘made in Burkina’, nous n’aurons plus à subir de pertes. Il appartient aux autorités d’étudier les prix afin que les Burkinabè adhèrent aux produits qui leur seront proposés», interpelle Salmata Kafando.

Avec une capacité de production de 100 tonnes de tomates par jour, l’usine devrait réduire ces pertes et créer 100 emplois directs et 7.000 emplois indirects selon le gouvernement.

Fruit de l’entrepreneuriat communautaire par actionnariat populaire, les Burkinabè n’ont aucun doute que les nouveaux produits de la SOBTO seront d’une meilleure qualité. «L’ouverture de cette usine de transformation de tomate est une initiative salutaire. Les tomates ne pourriront plus comme avant. Et c’est à l’avantage. Personnellement, je n’en vends pas, mais je suis cette actualité à travers les médias. Je sais que nous avons des usines à Bobo, à Yako et bientôt à Tenkodogo», se réjouit Mahamoudou Tondé.

Les responsables de l’usine rassurent que la distribution se fera dans la transparence totale au bénéfice des populations. En outre, ils ont invité les Burkinabè à une pleine adhésion aux produits. «Ce que nous attendons des autorités, c’est de rendre l’accès aussi facile que les marques de tomate sur le marché. Les boîtes de tomate de 400 grammes des marques Salsa et Gilda coûtent actuellement 750 francs. J’espère que le prix de la tomate produite au Burkina ne dépassera pas ce prix», souhaite Alassane, vendeur au marché de Gounghin.

Avant le lancement de l’unité de Bobo-Dioulasso, le Chef de l’Etat avait inauguré celle Yako, le 16 décembre 2024. D’un cout d’investissement de plus de 5 milliards FCFA, cette deuxième usine a été financée en majorité par l’actionnariat populaire avec l’accompagnement de l’Etat.

Le Fonds burkinabè de développement économique et social a contribué pour milliard FCFA et l’Agence pour la promotion de l’entreprenariat communautaire pour 400 millions FCFA. Le reste du montant a été mobilisé par actionnariat populaire sous l’égide de la Société coopérative avec Conseil d’administration «Bâtir l’Avenir.»

Par Jean Paul Windpanga Ouédraogo (Ouagadougou, correspondance)
Le 23/02/2025 à 08h12