Au Centre d’appui à la pêche artisanale de Libreville, la ministre de la Mer, de la Pêche et de l’Économie bleue, Laurence Ndong donné le coup d’envoi officiel de la phase pilote du projet Gab Pêche, avec la mise à disposition de 20 pirogues modernes et un accompagnement logistique. Un geste concret, symbolique, et surtout, un premier pas vers la fin de la dépendance.
Son message est sans détour: «Nous avons choisi de commencer ce projet dont l’objectif est d’atteindre 700 équipements avec tout ce qui va avec. Mais nous commençons d’abord par équiper ceux qui sont déjà dans la filière parce que la pêche est un métier difficile.»
En clair, il n’y a pas de place pour les amateurs. On arme les professionnels pour reconquérir les eaux gabonaises. 20 pirogues aujourd’hui, 700 demain. Le compte à rebours est lancé.
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Et cette ambition, Herman Omanda Wekelia, le patron de Gab-Pêche, la porte haut et fort. Finie l’exploitation sauvage ou la passivité. Place à une stratégie implacable: «C’est le début d’une nouvelle ère. Notre vision est claire: un Gabon où nos ressources halieutiques sont exploitées durablement, créatrices d’emplois, d’autonomie et stimulant l’innovation.»
L’objectif du projet? Une pêche gabonaise, par les Gabonais, pour les Gabonais. Rentable, innovante, et surtout, durable. Exit le pillage, place à la maîtrise. Sur le terrain, l’écho est immédiat. Yents Kumb, porte-voix des pêcheurs, exprime un soulagement teinté d’une détermination forgée dans les difficultés. Pour lui, Gab-Pêche n’est pas un simple projet, c’est une bouffée d’oxygène vitale «ce projet reconnaît enfin notre dignité et notre rôle dans l’économie nationale. Nous ferons tout pour réussir cette gabonisation!»
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La commercialisation du poisson sera réservée aux marieuses gabonaises, dans une logique de Gabonisation intégrale de la filière.
Le constat de départ est accablant: 950 km de côtes, et pourtant, le poisson a déserté les assiettes gabonaises en 40 ans. Une aberration. Laurence Ndong l’a rappelé avec force: «Il est temps que nos ressources halieutiques assurent notre sécurité alimentaire».
L’ambition va au-delà de l’artisanal. Il s’agit de hisser la pêche au rang de pilier économique, loin du ridicule 1% actuel du PIB. Construire une économie bleue résiliente, qui nourrit son peuple et enrichit sa nation.
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Mais des questions restent en suspens. Les 700 équipements suivront-ils rapidement? La filière pourra-t-elle absorber cette renaissance? La durabilité sera-t-elle plus qu’un vœu pieux?
Une chose est sûre: le signal est fort, l’urgence est reconnue, et les pêcheurs gabonais, enfin équipés et reconnus, ont la rage au ventre. La reconquête de la pêche gabonaise est ouverte. À eux maintenant de ramener le gros lot. Le poisson gabonais doit nourrir les Gabonais.