Le Ghana mise sur la culture du cacao pour promouvoir les produits chocolatés locaux. À l’approche des fêtes de Noël, le Ghana Cocoa Board (COCOBOD) lance une initiative originale pour stimuler la consommation locale de chocolats et autres produits dérivés du cacao. Dans la ville de Sunyani, capitale de la région Bono, une véritable « village du cacao » a été recréé pour permettre aux consommateurs de mieux connaître cette culture emblématique du pays.
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« Nous introduisons donc le concept de village du cacao pour que les gens puissent expérimenter, sentir et toucher les cabosses et les fèves de cacao et comprendre le potentiel économique du cacao », explique Michael Paddy Kwasi Asumanu, l’administrateur régional du COCOBOD. Bien que de nombreuses personnes aient entendu parler du cacao, beaucoup n’ont jamais vu ou touché une cabosse ou des fèves auparavant. L’objectif de ce village éphémère est donc de « faire l’expérience, sentir et toucher les cabosses et fèves de cacao, ainsi que de comprendre le potentiel économique de cette culture. »
Des parcelles reconstituées et produits locaux
Sur le site de l’événement, les visiteurs peuvent effectivement découvrir une reconstitution grandeur nature d’une plantation de cacaoyers. Des cabanes en feuilles de palmier, des arbres fruitiers comme les cacaoyers et les papayers, ainsi que du mobilier d’extérieur typique recréent l’ambiance d’une exploitation agricole traditionnelle.
Des commerçants proposent également une gamme de mets et boissons locales à déguster, comme le banku (pâte de maïs fermenté) accompagné de poisson frit, l’ampési (farine de maïs) au kontomire (épinard sauvage), ou encore le pito, une bière de mil très populaire.
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Outre ces dégustations, le public peut s’adonner à divers jeux traditionnels tels que les cartes, le oware (jeu de calculs) ou encore les dames. Le tout dans une ambiance musicale animée par des groupes locaux.
Promouvoir la transformation locale
« Cette initiative s’inscrit dans le cadre des nombreuses activités prévues pour célébrer la période des fêtes », précise l’administrateur régional du COCOBOD. Si le COCOBOD y voit évidemment un moyen de mettre en avant le cacao, l’enjeu est surtout de valoriser les produits transformés localement.
Le Ghana est en effet le deuxième producteur mondial de fèves de cacao derrière la Côte d’Ivoire, avec environ 800.000 tonnes récoltées en 2024, affectée par divers défis, notamment des conditions climatiques défavorables et des problèmes de contrebande. Mais une grande partie de cette production est exportée sous forme brute, privant le pays d’importantes retombées économiques.
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En recréant l’univers culturel autour du cacao et en proposant des dégustations, le COCOBOD cherche donc à stimuler la demande intérieure en produits finis comme le chocolat. Cela permettrait de développer des filières de transformation créatrices d’emplois et de valeur ajoutée sur le territoire ghanéen.
Une tradition séculaire revisitée
Cette valorisation du cacao au Ghana n’a cependant rien de nouveau. Dès l’époque coloniale, les Britanniques avaient ouvert des exploitations pour produire une fève d’excellente qualité, la « Ghana Grati », encore très réputée de nos jours.
Après l’indépendance en 1957, le jeune État s’est appuyé sur cette filière cacao pour asseoir son économie. C’est d’ailleurs à cette époque que le Cocoa Marketing Board, ancêtre du COCOBOD actuel, a été créé pour encadrer et soutenir cette culture stratégique.
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Avec le « village du cacao », l’actuelle administration du COCOBOD semble donc vouloir renouer avec ces racines, en misant sur les traditions et la fierté nationale. Une stratégie payante ? Les prochains chiffres de vente de produits chocolatés locaux nous le diront.
En tout cas, nul doute que cette initiative évènementielle originale et conviviale aura permis aux Ghanéens de se réapproprier un peu plus ce fleuron agricole, à l’heure des réjouissances de fin d’année.