Le Nigeria, longtemps premier producteur africain de pétrole, avant d’être relégué au 3e rang, derrière la Libye et l’Angola, en octobre dernier, est paradoxalement l’un des plus grands importateurs de produits pétroliers raffinés du continent. Une situation qui s’explique par l’absence de raffineries en état de fonctionnement dans le pays. En effet, si le gouvernement du Nigeria dispose de 4 raffineries, celles-ci sont quasiment toutes à l’arrêt.
Bien que grand producteur de brut, le Nigeria importe jusqu’à présent la quasi-totalité des produits pétroliers raffinés (essence, gasoil, fuel, kérosène, lubrifiants…) dont il a besoin. Et la facture est lourde, très lourde même. A titre d’exemple, en 2021, la facture des importations des produits pétroliers s’est établie à 9,6 milliards de dollars, représentant environ 20% des importations totales du pays qui s’élevaient à 50 milliards de dollars.
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Selon le ministre du Pétrole nigérian, Timipre Sylva, dans une déclaration reprise par Reuters, son pays devrait cesser d’importer des produits pétroliers avant ou vers le troisième trimestre 2023. «Nous nous attendons à ce que nous arrêtions l’importation de produits pétroliers raffinés à partir peut-être du troisième trimestre de l’année prochaine si je devais donner un délai plus long, mais je pense même avant le troisième trimestre de l’année prochaine», a déclaré le ministre.
S’il a avancé que la rénovation de la raffinerie de la ville de Port Harcourt, dans le delta du Niger, permettra au pays de raffiner 60.000 barils par jour de brut d’ici décembre prochain, c’est surtout grâce à la grande raffinerie de l’homme le plus riche d’Afrique, Aliko Dangote, que le Nigeria devrait devenir autosuffisant en produits pétroliers raffinés et même exportateur de carburants. En effet, cette importante infrastructure devrait entrer en production durant le premier trimestre 2023.
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A noter que pour l’approvisionnement en pétrole brut, la raffinerie de Dangote pourra compter sur le brut nigérian exporté. En effet, avec une production quotidienne de plus de 1 million de barils de pétrole brut de bonne qualité par jour, le Nigeria pourra cesser de troquer son brut contre du pétrole raffiné. D’un coût de plus de 15 milliards de dollars et avec une capacité de traitement annoncée de 650.000 barils par jour, cette raffinerie sera de loin la plus grande d’Afrique en termes de capacité et la 6e au niveau mondial.
Implantée dans la zone industrielle de Lekki à Lagos, elle produira, dès le début de l’année prochaine, de l’essence, du diesel de qualité euro-V, du carburant et d’autres produits raffinés. Ce qui permettra au Nigeria d’économiser quelque 10 milliards de dollars et mettra fin aux pénuries de carburants qui affectent très souvent le pays.
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En plus, outre l’arrêt des importations, avec cette raffinerie, le Nigeria disposera de capacités de raffinage qui lui permettront d’exporter ses excédents de produits raffinés, sachant que le gouvernement nigérian compte rénover deux autres raffineries en arrêt.
Le Nigeria a perdu en juin dernier sa position de premier producteur de brut africain au profit de l’Angola, avant d’être relégué au troisième rang derrière la Libye, qui est aujourd’hui à la première place devant l’Angola et le Nigeria. Pour autant, le Nigeria dispose d’importantes réserves pétrolières évaluées à 36,9 milliards de barils de pétrole brut. Seulement, à cause particulièrement du siphonnage du pétrole brut des pipelines, la production a fortement chuté. Le siphonnage servant surtout à alimenter des raffineries de pétrole clandestines qui prolifèrent grâce à la pénurie de carburant dans le pays et à l’excellente qualité du brut nigérian facile à raffiner.