L’Afrique du Nord devrait être le premier exportateur mondial d’hydrogène vert au cours des trois prochaines décennies. C’est ce que prédit Deloitte dans sa dernière étude intitulée «Green Hydrogen : Energizing the path to net zero». D’après le cabinet international, la raison est simple: cette région dispose du plus important potentiel d’exportation de cette énergie propre au niveau mondial, en raison de ses abondantes ressources renouvelables, sa faible demande intérieure et sa proximité avec l’Europe.
Selon l’étude, le commerce mondial de l’hydrogène vert devrait générer plus de 280 milliards de dollars de recettes en 2050. L’Afrique du Nord, qui devrait expédier 44 millions de tonnes sur le marché international, arriverait en tête des bénéficiaires de cette manne financière avec revenus d’une valeur de 110 milliards de dollars.
L’Amérique du Nord, avec ses 24 millions de tonnes, arrive en deuxième position avec 63 milliards de dollars, suivie de l’Australie (16 millions de tonnes, 39 milliards de dollars), et du Moyen-Orient (13 millions de tonnes, 20 milliards de dollars). L’Amérique du Sud et l’Afrique subsaharienne complètent le quinté avec environ 10% des volumes chacun.
Sur la liste des demandeurs de l’hydrogène vert, on retrouve principalement la Chine. Pékin en serait d’ailleurs le plus grand importateur en 2030 selon le rapport, avec un volume de 13 millions de tonnes par an. D’importantes quantités qui lui permettront notamment de décarboner ses différents secteurs d’activités.
L’Europe aussi y figure avec 10 millions de tonnes, de même que le Japon et la Corée du Sud avec 7,5 millions de tonnes chacun. D’après le rapport, ces deux pays devraient importer 90% de leurs besoins entre 2030 et 2050, en raison de l’indisponibilité des ressources renouvelables et des terres.
Les quatre plus grands exportateurs d’hydrogène vert dans le monde en 2050
Régions | Exportations (en tonnes) | Recettes (en dollars) |
---|---|---|
Afrique du Nord | 44 millions | 110 milliards de dollars |
Amérique du Nord | 24 millions | 63 milliards |
Australie | 16 millions | 39 milliards |
Moyen-Orient | 13 millions | 20 milliards |
Source: Deloitte.
A en croire Deloitte, les projets d’hydrogène vert déjà annoncés ne permettront de fournir qu’un quart de la demande mondiale prévue en 2030, soit 44 millions de tonnes. Cette consommation devra être multipliée par six au cours des prochaines décennies pour atteindre l’objectif de zéro émission de dioxyde de carbone, ce qui représente une production d’environ170 millions de tonnes d’ici à 2030 et près de 600 millions de tonnes d’ici à 2050.
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Qui dit production pense forcément aux investissements. La Chine (2000 milliard de dollars), l’Europe (1200 milliards de dollars), l’Amérique du Nord (1000 milliards de dollars) et l’Afrique du Nord ( environ 900 milliards de dollars) devraient concentrer les plus gros investissements dans l’hydrogène vert. L’Amérique du Sud (400 milliards de dollars) et l’Afrique subsaharienne (300 milliards de dollars) en profiteront aussi.
Le Maroc, un des futurs grands producteurs d’hydrogène vert
Ces prévisions devraient motiver davantage les pays d’Afrique du Nord, particulièrement le Maroc qui attire de plus en plus d’investissements dans ce secteur. La dernière annonce, c’est le mémorandum d’entente et la convention de partenariat signés entre le Chef du gouvernement marocain Aziz Akhannouch et le Premier ministre des Pays-Bas Mark Rutte, le 21 juin à Rabat, pour le développement de projets d’hydrogène vert dans le Royaume.
L’entreprise américaine, CWP Global, un des leaders mondiaux dans le développement de projets d’énergies renouvelables, développe actuellement un projet de production de 15 gigawatts (GW) d’hydrogène vert dans la région de Guelmim-Oued Noun, au sud du Maroc.
Le 4 mai dernier, l’entreprise avait signé un accord avec le groupe allemand Hydrogenious, spécialisé dans le transport d’hydrogène organique liquide (LOHC), pour la réalisation d’une étude de faisabilité qui explorera une chaine de transport de 500 tonnes d’H2 par jour du Maroc vers l’Europe.
Fin avril 2023, Energy China International Construction Group avait également signé un protocole d’accord avec la société saoudienne et l’entreprise marocaine Gaia Energy pour développer un projet d’hydrogène vert dans le sud du Marpoc. Production de 1,4 million de tonnes d’ammoniac vert.
Autant de projets qui, une fois opérationnels, devraient permettre au Maroc de tirer profiter de l’importante manne financière des exportations en Afrique du Nord.