Le classement 2024 de l’Indice de développement des TIC (IDI) est connu depuis peu. Selon le document de référence, récemment publié par l’Union Internationale des Télécommunications, cinq pays africains se démarquent nettement en matière de connectivité numérique. La Libye (1er), le Maroc (2ème), les Seychelles (3ème), Maurice (4ème) et l’Afrique du Sud (5ème) constituent le top 5 continental, affichant des scores élevés qui témoignent de leurs progrès vers une connectivité universelle et significative. Décryptage des facteurs clés qui ont permis à ces nations de se hisser au sommet du classement africain.
Abdellatif Miraoui, ministre de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche Scientifique et de l’Innovation, parlant du déploiement du programme Campus Connecté" et de l'importance de la transformation digitale de l’Enseignement Supérieur. Le proramme annonce le déploiement massif du WiFi 6 dans les universités publiques marocaines. Dans ce cadre, Cambium Networks, fournisseur de solutions de réseaux sans fil, a été choisi pour installer un réseau Wi-Fi à haute vitesse dans 12 universités publiques marocaines avec un réseau WiFi 6 haute performance desservant plus de 1,3 million d'étudiants et de personnel éducatif. Le projet "Campus Connecté" vise à fournir un accès Internet multi-gigabit, une gestion centralisée via le cloud et un rapport qualité/coût optimisé. La technologie déployée comprend des points d'accès WiFi 6 intérieurs et extérieurs, un outil de cartographie prédictive et une plateforme de gestion de réseau sécurisée basée sur l'IA.. DR
La Libye, inattendue leader malgré les troubles
Avec un bond de 11% pour atteindre 88,1 points, la Libye réalise la meilleure progression africaine et détrône le Maroc pour se hisser en tête du classement continental. En l’espace d’un an, le pays passe de la 5ème place au classement à la première. Un résultat d’autant plus surprenant que le pays reste marqué par l’instabilité politique. Les scores élevés de 88,2 pour la connectivité universelle et 87,9 pour la connectivité significative suggèrent des avancées notables en termes de couverture réseau, d’abordabilité et de trafic de données mobiles. Malgré un contexte difficile, la Libye semble avoir su développer une infrastructure TIC solide, quoique probablement inégalement répartie sur son territoire.
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Le principal défi pour consolider ce leadership sera d’étendre les progrès à l’ensemble du pays et de la population, en garantissant un accès équitable aux services numériques. Les compétences, la cybersécurité et le développement de services en ligne demeureront également des priorités.
C’est le lieu de faire la nuance entre connectivité universelle et connectivité significative. La connectivité universelle fait référence à un accès généralisé aux infrastructures de communication numériques (Internet, téléphonie mobile, etc.). Cependant, la connectivité significative va au-delà en impliquant une utilisation réelle et bénéfique de ces technologies. Par exemple, avoir une connexion Internet ne suffit pas si on ne sait pas l’utiliser efficacement pour accéder à l’information, aux services en ligne ou aux opportunités économiques. La connectivité significative nécessite donc des compétences numériques, du contenu pertinent dans les langues locales, ainsi qu’un environnement propice (électricité, coûts abordables, etc.). En un mot, elle permet une véritable inclusion numérique, à l’inverse d’une simple présence d’infrastructures.
Le Maroc, locomotive numérique pérenne
Deuxième du classement avec 86,8 points, le Maroc confirme durablement son statut de locomotive du numérique en Afrique. S’il accuse un léger retard sur la Libye pour la connectivité universelle (81,9), le Royaume se distingue par un excellent score de 91,7 pour la connectivité significative. Cette performance s’explique notamment par le déploiement d’infrastructures de pointe comme la fibre optique et la 4G, une offre de services numériques diversifiée ainsi que des efforts soutenus en matière d’e-gouvernement et de développement des compétences.
Le Maroc devra cependant poursuivre ses efforts pour réduire la fracture numérique, en particulier dans les zones rurales et montagneuses échappant encore trop souvent aux réseaux haut débit. Le gouvernement marocain s’est engagé à étendre la connectivité à haut débit dans tout le pays, dans le but d’offrir à tous les citoyens une connexion Internet de qualité à un prix abordable. Dans le cadre du Plan national pour le développement du haut et très haut débit, Ghita Mezzour, ministre de la Transition numérique et de la Réforme de l’administration, a annoncé le 20 mai 2024, devant la Chambre des représentants le lancement d’un programme visant à connecter 1800 zones rurales à Internet dans les mois à venir.
L’accélération du virage vers la 5G et l’intelligence artificielle sera également déterminante pour conserver son rang de leader. La Stratégie nationale de développement numérique du Royaume, à l’horizon 2030, prévoit l’introduction de la technologie 5G pour stimuler la croissance économique, améliorer les services publics et garantir une inclusion numérique plus large. Pour réussir cette transition numérique, le Maroc compte, notamment « acheter et installer des câbles sous-marins pour établir une connexion directe avec les États-Unis, source de plus de 80% du trafic Internet mondial », relais le site en ligne hespress.
Les Seychelles et Maurice, fers de lance des économies océaniques
Troisièmes avec 84,7 points, les Seychelles affichent une connectivité universelle très développée (81,8) tandis que Maurice, quatrième avec 84,2 points, se distingue par un niveau de connectivité significative remarquable de 89,9. Pour ces deux archipels de l’Océan Indien, l’excellence dans le numérique constitue un atout économique majeur, en phase avec leur positionnement dans les services et le tourisme haut de gamme.
Notons, par ailleurs, que les Seychelles confirment leur place de 3ème au classement de 2023 avec un score en croissance de 5 points. Par contre, Maurice qui était 2ème en 2023 recule de 2 places en 2024 pour se classer 4ème, avec une croissance de son score d’à peine 3 points.
Outre leurs investissements dans les infrastructures TIC modernes, ces îles misent sur la formation aux compétences numériques, le e-tourisme ou encore l’économie bleue durable. Leurs principaux défis résident désormais dans le renforcement de la cybersécurité, l’exploitation optimale des données et l’adaptation aux nouveaux usages comme le télétravail.
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Dans ce contexte, il est primordial pour ces îles de disposer d’une main-d’œuvre qualifiée dans les domaines de la cybersécurité et des technologies de l’information. C’est pourquoi des formations dédiées à ces thématiques sont régulièrement dispensées. Récemment, l’une d’entre elles a été assurée par des experts américains aux Seychelles, à l’attention des professionnels de l’information, de la communication et des technologies de divers secteurs du pays.
Cet effort de montée en compétences constitue une étape cruciale pour relever les défis de la transformation numérique et assurer un développement économique et sociétal pérenne de ces économies.
L’Afrique du Sud, poids lourd prometteur
Cinquième avec 83,6 points, l’Afrique du Sud se positionne comme la principale puissance numérique subsaharienne hors des îles de l’Océan Indien. L’Afrique du Sud se distingue par des scores équilibrés de 82,6 pour la connectivité universelle et 84,6 pour la connectivité significative. Véhiculant une image de hub technologique à l’avant-garde, elle mise sur l’économie numérique comme vecteur d’inclusion et de transformation sociétale.
Comparé à 2023, le pays recul d’une place au classement passant de 4ème à 5ème en l’espace d’un an, malgré une croissance de son score de 4 points.
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Cependant, les inégalités socio-économiques persistantes handicapent encore l’accès aux TIC d’une partie de la population. L’Afrique du Sud devra relever le défi d’une appropriation massive, sûre et productive du numérique auprès de tous les citoyens pour concrétiser pleinement son potentiel dans ce domaine.
En somme, ce top 5 africain reflète des trajectoires contrastées : certains pays misant sur le numérique comme traditionnelle vitrine économique, d’autres y voyant un formidable levier de développement ou de résilience dans des contextes difficiles. Une diversité qui témoigne de l’ampleur des efforts engagés par le continent pour tirer le meilleur parti des technologies de l’information et de la communication.
Le Top 5 africain des meilleurs scores IDI
Pays | Score 2023 | Score 2024 | Connectivité universelle | Connectivité significative | Rang |
---|---|---|---|---|---|
Libye | 79.4 | 88.1 | 88.2 | 87.9 | 1er |
Maroc | 85.1 | 86.8 | 81.9 | 91.7 | 2ème |
Seychelles | 80.9 | 84.7 | 81.8 | 87.7 | 3ème |
Maurice | 81.7 | 84.2 | 78.4 | 89.9 | 4ème |
Afrique du Sud | 80.5 | 83.6 | 82.6 | 84.6 | 5ème |