Le récent Indice mondial de l’innovation (GII) 2024 publié par l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI) vient de dresser un état des lieux du paysage de l’innovation dans 133 économies à travers le monde. En Afrique, où la quête de développement économique et social demeure une préoccupation majeure, ce classement revêt une importance particulière en identifiant les leaders régionaux en matière d’innovation.
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Parmi les 133 économies évaluées, dix pays africains se démarquent. Maurice, à la 55e place mondiale, conserve sa position de leader africain. Ses atouts résident notamment dans son environnement réglementaire favorable, la qualité de son enseignement supérieur et sa connectivité à l’Internet haut débit. Le Maroc (66e) fait un bond à la deuxième place, porté par ses investissements dans l’éducation, les réformes réglementaires pro-business et son pôle aéronautique en plein essor.
Maroc (Rang africain : 2ème, Score 2024 : 28,8, Évolution du score par rapport à 2023 : +0,4). Le Maroc poursuit son ascension fulgurante, gagnant 4 places au classement mondial pour se hisser au 66ème rang. Le Royaume confirme son statut de leader africain en matière de dessins et modèles industriels, et se distingue par ses investissements dans l'éducation et la formation du capital humain.. DR
Afrique du Sud, troisième du continent et 69e mondial, tire sa force de son expertise en recherche et développement, de ses publications scientifiques de pointe et de son écosystème entrepreneurial dynamique.
La Tunisie, l’Égypte, le Botswana, le Cap-Vert, le Sénégal, le Kenya et le Ghana complètent le top 10 africain, tirant parti de leurs forces respectives: capital humain qualifié, cadre incitatif, intégration régionale ou souveraineté numérique.
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Cependant, des défis persistent : financement limité, fuite des cerveaux, manque d’infrastructures. Pour franchir un cap, les nations africaines devront intensifier leurs efforts en investissant massivement dans l’éducation, la recherche, l’inclusion numérique et en stimulant davantage l’esprit d’entreprise innovant.
L’entrepreneuriat social, vecteur d’innovation
L’édition 2024 du GII met l’accent sur «l’entrepreneuriat social» comme vecteur d’innovation au service du changement positif. Il faut dire que l’entrepreneuriat social est un vecteur puissant d’innovation au service du développement durable, en particulier dans un contexte d’incertitude économique mondiale. Les pays africains leaders ont l’opportunité de se démarquer en développant des stratégies ambitieuses pour stimuler ce type d’innovation, notamment en encourageant l’innovation frugale, qui consiste à développer des produits et services abordables à faible coût pour répondre aux besoins des populations à faible revenu ; promouvoir les technologies vertes et durables ; investir dans l’éducation et la formation ; et faciliter l’accès aux financements.
En effet, l’accès limité aux capitaux freine souvent les initiatives d’entrepreneuriat social. La création de fonds dédiés, l’implication d’investisseurs institutionnels et privés, et le développement du capital-risque peuvent lever ce verrou. Le rapport 2024 recommande également de renforcer les infrastructures technologiques. Le développement des infrastructures numériques, de l’Internet haut débit et des centres d’innovation sont indispensables pour stimuler l’innovation sociale et technologique.
Des progrès notables pour certains pays
Selon le rapport 2024, l’île Maurice conserve sa position de leader africain en se classant 55ème au niveau mondial avec un score de 30,6. «L’île Maurice est leader mondial en capital-risque reçu (1er) et se classe au 2e rang en termes d’investisseurs en capital-risque», souligne le GII. Cette performance remarquable s’explique en grande partie par les efforts soutenus déployés pour stimuler l’écosystème entrepreneurial et attirer les investissements étrangers.
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Le Maroc (66ème mondial, score 28,8) se hisse à la 2ème place africaine, gagnant quatre places par rapport à 2023. Selon le communiqué du ministère de l’Enseignement supérieur, le royaume «fait preuve d’une remarquable capacité à transformer les investissements en innovation en produits et services de haute performance». Le Maroc se distingue particulièrement en se classant 1er mondial pour les dessins et modèles industriels, et figure dans le top 30 pour les dépenses d’éducation, l’intensité d’actifs immatériels, la formation brute de capital, la haute technologie manufacturière et les marques.
L’Afrique du Sud (69ème, score 28,3) complète le podium africain, obtenant de bons résultats notamment dans les importations de services TIC et la valeur de marque mondiale selon le GII 2024. Classé 2ème dans l’indice 2023 avec un score de 30.4 et un rang de 59ème, l’Afrique du Sud se voit dépasser par le Maroc.
En 4ème position continentale, la Tunisie (81ème mondiale, score 25,4) a légèrement reculé dans le classement par rapport à l’année précédente (79ème avec un score de 26.9 en 2023). Néanmoins, des opportunités d’amélioration subsistent pour ce pays.
L’Égypte (86ème, score 23,7) et le Botswana (87ème, score 23,1) suivent de près, ce dernier ayant reculé d’un cran par rapport à 2023 malgré des points forts identifiés. Notons aussi qu’entre 2023 et 2024, l‘Égypte a dépassé de justesse le Botswana au score.
Le Cap-Vert (90ème, score 22,3) se distingue en se classant 1er en termes de formation brute de capital. Le Sénégal (92ème, score 22) excelle quant à lui dans les prêts des institutions de microfinance, les entrées nettes d’IDE et le capital-risque reçu, contribuant à sa progression.
Le Kenya (96ème, score 21) gagne 4 places, réalisant des performances notables en termes de bénéficiaires de capital-risque, de modèles d’utilité et d’exportations de services TIC. Enfin, le Ghana (101ème, score 20) ferme le top 10 africain, enregistrant un léger recul par rapport à l’édition précédente. Notons aussi qu’en l’espace d’un an, le Kenya qui était 10ème africain en 2023 est monté d’une place au classement et a dépassé de justesse le Ghana au score.
Le Top 5 mondial
À l’échelle mondiale, la Suisse, la Suède, les États-Unis, Singapour et le Royaume-Uni dominent le classement. La Chine (11ème), la Turquie (37ème), l’Inde (39ème), le Vietnam (44ème) et les Philippines (53ème) figurent parmi les pays émergents ayant connu la plus forte hausse sur 10 ans.
«L’Indice mondial de l’innovation révèle des tendances positives dans les indicateurs clés comme la baisse de la pauvreté et l’augmentation de la productivité du travail et de l’espérance de vie. Cependant, nous constatons un ralentissement majeur des investissements dans l’innovation future», souligne Daren Tang, Directeur général de l’OMPI.
Les 10 premiers pays africains du classement de l’indice mondial de l’innovation 2024 :
| Pays | Score GII 2023 | Score GII 2024 | Rang mondial | Rang africain |
|---|---|---|---|---|
| Maurice | 32.1 | 30.6 | 55 | 1 |
| Maroc | 28.4 | 28.8 | 66 | 2 |
| Afrique du Sud | 30.4 | 28.3 | 69 | 3 |
| Tunisie | 26.9 | 25.4 | 81 | 4 |
| Égypte | 24.2 | 23.7 | 86 | 5 |
| Botswana | 24.6 | 23.1 | 87 | 6 |
| Cabo Verde | 23.3 | 22.3 | 90 | 7 |
| Sénégal | 22.5 | 22 | 92 | 8 |
| Kenya | 21.2 | 21 | 96 | 9 |
| Ghana | 21.3 | 20 | 101 | 10 |
Source : 17ème Edition du Global Innovation Index 2024.
