La forte croissance de la production cotonnière est attribuée, en grande partie, aux efforts du président de la République, notamment l’augmentation du prix du coton à 295 FCFA/Kg, la subvention des engrais à 14.000 FCFA le sac de 50 kg et l’annulation des montants des crédits liés aux infestations massives de jassides en 2022 pour un montant d’environ 10 milliards de francs CFA.
Durant la campagne de 2022, cet insecte a sévi dans la plupart des pays producteurs du coton en Afrique de l’Ouest et provoqué la chute de la production cotonnière de l’ordre de 30 à 50% selon les pays. Le Mali n’avait produit alors que 390.000 tonnes.
Pour mesurer l’importance de l’annulation des crédits contractés par les producteurs, l’Institut de recherche sur le coton avait noté que «beaucoup de producteurs sont endettés, et certains pays ont du mettre en place des subventions au profit des producteurs pour pouvoir les maintenir dans l’activité pour la campagne 2023-2024».
Lire aussi : Mali: maïs, arachide, fonio... les bonnes récoltes nées des dernières pluies
Selon la cellule de communication de la Compagnie malienne pour le développement du textile (CMDT), c’est à partir de cet environnement favorable que la Direction production agricole a élaboré une stratégie et un mécanisme de suivi approprié autour des dix axes d’orientations portant sur les préoccupations majeures des acteurs de la filière.
Ces axes sont, entre autres, l’approvisionnement des producteurs en intrants, la fertilisation organique et minérale des sols, la prise en compte des grosses exploitations et le suivi rapproché des exploitations. La stratégie comprend également l’application des itinéraires techniques et la lutte contre les ravageurs notamment les jassides...
La CMDT précise que la production de coton est assurée par 212.546 petites exploitations familiales qui cultivent une surface moyenne de 10 hectares dont 3 sont réservés au coton.
Mais à en croire l’économiste Modibo Mao Macalou, responsable entre 2004 et 2017 de la conception et de l’évaluation des politiques et stratégies de développement à la présidence de la République malienne, les retombées de cette culture ne profitent pas suffisamment aux producteurs.
Lire aussi : Des sacs scolaires en coton local: cet artisan malien est allé à bonne école
Selon lui, le secteur cotonnier du Mali connaît depuis 2020 quelques difficultés liées à la gouvernance et à la question des subventions. Pour palier ce problème, explique-t-il, il est nécessaire d’améliorer les relations entre les cotonculteurs et l’Etat, qui a en charge l’encadrement, la vente du coton sur le plan international, l’achat, l’acheminement des semences, des intrants et l’exportation du coton.
Reddition des comptes et dialogue producteurs-État
L’économiste estime que si le cotonculteur ne reçoit pas les revenus qui lui sont dus, cela impacte négativement la filière et incite les producteurs à se diversifier davantage au profit d’autres cultures où il y a moins de difficultés.
Pour résoudre ce problème, Modibo Mao Macalou estime qu’il est nécessaire de renforcer les structures de contrôle, d’améliorer la redevabilité, imposer la reddition des comptes et améliorer le dialogue entre les contonculteurs et la CMDT.
Avec ce niveau de production, le Mali récupère sa place de premier producteur d’Afrique de la fibre la plus utilisée dans le textile-habillement suivi du Bénin qui a en récolté 600.063 tonnes.
Sur le marché international, le coton connaît une évolution positive «fibre naturelle la plus utilisée dans la fabrication d’articles textile, le coton représente un marché mondial d’environ 25 millions de tonnes par an, d’une valeur estimée à plus de 40 milliards de dollars en 2022.» L’Organisation de coopération et de développement économiques et la FAO prévoient une augmentation de la production à 28,1 millions de tonnes à l’horizon 2032.