La note de la dette souveraine du Sénégal s’établit désormais à B3 avec une «perspective négative», selon le communiqué de Moody’s publié vendredi.
Cette décision «est due aux indicateurs budgétaires nettement plus défavorables révélés par la Cour des comptes du Sénégal», indique l’agence de notation.
Il y a deux semaines, un rapport de la Cour des comptes sur la gestion des finances publiques du Sénégal entre 2019 et 2024 avait invalidé les chiffres officiels sous l’ancien président Macky Sall.
Début octobre, Moody’s avait déjà abaissé la note du Sénégal de Ba3 à B1, faisant passer le pays dans la catégorie catégorie «hautement spéculatif».
«L’ampleur et la nature des écarts limitent considérablement la marge de manoeuvre budgétaire du Sénégal et contribuent à des besoins de financement élevés», poursuit le rapport de Moody’s qui souligne «d’importantes carences passées en matière de gouvernance».
«En conséquence, le Sénégal est plus exposé aux chocs défavorables que nous ne l’avions estimé précédemment», estime Moody’s.
L’encours de la dette représente 99,67% du PIB, un taux «supérieur» au montant annoncé par le précédent régime, selon le rapport de la Cour des comptes sur la période allant de 2019 au 31 mars 2024.
Le déficit budgétaire «recalculé» par la Cour pour l’année 2023 est par exemple de 12,3% contre les 4,9% annoncés.
S’exprimant devant les députés à l’Assemblée nationale vendredi, le Premier ministre sénégalais Ousmane Sonko a qualifié ce rapport de «particulièrement catastrophique et inquiétant».
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M. Sonko a annoncé des mesures de «rationalisation», et un audit d’ici la fin du mois d’avril de «l’effectif réel dans la fonction publique».
La Cour des comptes, une institution de contrôle indépendante, a souligné que les faits relatés sont «présumés constitutifs de fautes de gestion, de gestions de fait ou d’infractions à caractère pénal».
La Cour a également pointé «une dette bancaire importante contractée hors circuit budgétaire» et «non retracée dans les comptes de l’Etat».
Le gouvernement sénégalais a annoncé de possibles poursuites judiciaires contre les auteurs des «manquements graves» révélés par le rapport.