Le FMI revoit à la baisse la croissance de la première économie africaine à cause du pétrole

Une vue aérienne de Lagos, la capitale économique du Nigéria, le 7 octobre 2022.. AFP or licensors

Le 22/11/2022 à 15h18

Leader africain de la production pétrolière il y a à peine 3 mois, le Nigeria est en passe d’être relégué au 4e rang sur le continent. Une situation qui va impacter très négativement la croissance économique de la première économie africaine, encore dépendante des hydrocarbures.

L’envolée des cours du baril de pétrole au cours de l’année 2022 n’aura pas vraiment eu des retombées très positives sur l’économie nigériane. Et la décrue des cours depuis quelques semaines risque de compliquer davantage la situation.

D’ailleurs, le Fonds monétaire international (FMI) n’a pas hésité à revoir à la baisse ses prévisions de croissance pour le pays au titre de l’exercice en cours. Au lieu d’une croissance de 3,4% du Produit intérieur brut (PIB) en juin dernier, l’institution de Bretton Woods ne table plus que sur une évolution de 3%. Ce qui est une baisse significative pour ce laps de temps.

Selon le FMI, deux facteurs sont derrière cette révision à la baisse. D’abord, il y a les effets négatifs des récentes inondations dans le pays qui ont causé de nombreuses pertes en vies humaines et des dégâts importants.

Ensuite, et c’est le principal facteur, le Nigeria a vu sa production pétrolière continuer à baisser de manière inquiétante, bien qu’il détienne les deuxièmes réserves de pétrole du continent. Sa production quotidienne est passée d’une moyenne de 1,578 million de barils/jour (mb/j) en 2020, à 1,372 mb/j en 2021, avant de chuter à une moyenne de 1,043 mb/j au cours des trois derniers mois.

Du coup, le Nigeria a dégringolé au niveau du classement des producteurs africains de l’or noir. Après avoir cédé sa place de leader à l’Angola, le géant économique africain est désormais le 3e producteur du continent, devancé par la Libye, nouveau leader, et l’Angola, et sous la menace de l’Algérie.

Les hydrocarbures représentent plus de 90% des recettes d’exportation et 12% du PIB du Nigeria. D’où l’impact de la décrue de la production sur la croissance du pays.

Face à cette situation, les autorités se sont engagées à lutter plus efficacement contre le siphonnage sur les pipelines du brut qui fait perdre au pays près de 500.000 barils par jour. Un vol de pétrole derrière l’alimentation des unités de raffinage clandestines qui vient combler une pénurie de carburant, que le Nigeria importe en quasi-totalité. La situation devrait néanmoins changer dans les semaines à venir avec l’entrée en production de la raffinerie du milliardaire Aliko Dangote dotée d’une capacité de traitement de 650.000 barils par jour, soit la 6e plus grande raffinerie de pétrole au monde.

Au-delà de la révision de la croissance, le FMI table aussi sur le creusement du déficit budgétaire à 6,2% du PIB du fait des effets combinés de la baisse des recettes pétrolières qui représentent environ 38% des recettes budgétaires et de l’impact des subventions coûteuses des carburants.

Par Kofi Gabriel
Le 22/11/2022 à 15h18