Le Gabon est un pays pétrolier riche, habité par seulement 2,3 millions d’habitants. En 2023, le pétrole représente autour de 70% des exportations totales du pays et contribue substantiellement à hauteur de 45% du PIB du pays. Et grâce aux ressources pétrolières, le pays dispose d’un des PIB par habitant les plus élevés du continent, soit autour de 8.800 dollars.
Cependant, le pays, à l’instar de la quasi-totalité des pays du continent, ne profite pas pleinement de sa manne pétrolière contrôlée par des firmes multinationales étrangères. Et avec les redevances et d’autres revenus et taxes, le pays ne tire que des miettes du pétrole dont l’économie est dépendante. Un pétrole qui n’assure même pas l’indépendance énergétique du pays qui a connu cette année ses pires délestages.
C’est cette situation que le président Brice Clotaire Oligui Nguéma a décidé de changer. Le gouvernement a multiplié les initiatives dans le secteur à coup d’acquisitions d’actifs pétroliers détenus jusqu’à présent par des multinationales européennes et américaines.
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C’est dans cette optique que s’est inscrite le rachat de la société pétrolière Assala Energy, un des majors de la production pétrolière gabonaise avec 70.000 barils par jour. L’État a fait avoir son droit de préemption sur le rachat d’Assala, au détriment de la société française Maurel & Prom. Si les détails de la transaction n’ont pas été révélés, le Gabon a bouclé ce rachat pour 1,3 milliard de dollars, soit autour de 800 milliards de francs cfa auprès du fonds américain Carlyle. Ce rachat permet à l’État gabonais de disposer d’une partie de ses ressources pétrolières.
Souhaitant accroitre son emprise sur pétrole, l’Etat a poursuivi les acquisitions. C’est dans cette optique que l’Etat, via sa compagnie nationale des hydrocarbures Gabon Oil Company (GOC), a acquis, le 27 mars 2025, Tullow Oil Gabon, filiale de la compagnie britannique Tullow Oil Plc, implanté au Gabon depuis 26 ans, pour un montant de 300 millions de dollars. En 2023, celle-ci représenté une production de 12.2000 barils de pétrole par jour.
Ainsi, l’acquisition de ces deux unités porte la production pétrolière gérée par la GOC à 82.000 barils/jours, selon les autorités gabonaises.
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Outre la production du brut, le Gabon a aussi acquis la SMP Afrique, une entreprise française fondée en 1998 et spécialisée dans la maintenance et le forage pétrolier. Si les deux premières acquisitions visent à renforcer la production pétrolière du Gabon, celle de SMP Afrique vise surtout à renforcer les capacités techniques de la compagnie pétrolière gabonaise et réduire sa dépendance en matière de maintenance des unités de production tout en intégrant l’amont du secteur en acquérant la technique de forage du pétrole.
Satisfaits de ces acquisitions, le président de Transition a souligné que «cette acquisition est l’expression concrète de notre volonté inébranlable de retrouver notre souveraineté économique. Un engagement solennel que j’ai pris devant le peuple gabonais».
En détenant son pétrole, le Gabon pourra accroître sensiblement ses revenus qui bénéficient aujourd’hui quasiment aux multinationales présentes dans le pays. Et avec ces acquisitions, c’est toute la chaine de valeur du secteur pétrolier que les gabonais souhaitent petit-à-petit contrôler.
Avec ces acquisitions, l’objectif est de «faire en sorte que, progressivement, les Gabonais eux-mêmes prennent en charge l’ensemble des chaînes de valeur de l’industrie pétrolière», a expliqué Marcel Abeke, ministre du Pétrole.