Le Nigeria souhaite mettre fin au torchage du gaz qui fait perdre annuellement à l’Etat plusieurs milliards de mètres cubes de gaz. A ce titre, les autorités nigérianes ont présélectionné 139 entreprises pour exploiter le gaz torché et le commercialiser, selon Reuters, qui avance que quelque 300 entreprises avaient postulé à cet appel d’offres du régulateur du secteur pétrolier nigérian.
Rappelons que le torchage est une pratique industrielle qui consiste à brûler du gaz par des torchères lors des différentes étapes de la production pétrolière. Le Nigeria fait partie des pays qui torchent le plus le gaz dans le monde, selon un rapport de la Banque mondiale publié en 2022 et qui soulignait que 10 pays sont à l’origine de 75% du volume mondial de gaz torché, parmi lesquels trois pays africains: l’Algérie, le Nigeria et la Libye.
Le Nigeria a fortement augmenté le volume de gaz torché de 70% entre 2000 et 2020, selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE). Désormais, l’objectif est d’éliminer cette pratique. Mais cela nécessite des investissements que les compagnies pétrolières opérant au Nigeria ne sont pas prêtes à entreprendre, préférant mettre le paquet sur l’exploitation pétrolière. D’où le lancement de cet appel d’offres.
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Pourtant, le volume de gaz torché par ces compagnies est important. Selon le rapport de la Banque mondiale, au Nigeria, ce sont 6,63 milliards de mètres cubes de gaz qui ont été torchés par ces compagnies en 2021. Ce qui constitue un énorme manque à gagner pour le pays, surtout avec la flambée actuelle du cours du gaz. Cela, sans compter aussi sur les impacts environnementaux catastrophiques du torchage.
Des effets qui ont poussé les autorités nigérianes à s’engager dans une politique de «zéro torchage» en 2020 après que le Sénat a adopté en 2019 un projet de loi interdisant le torchage qui faisait perdre au pays plus de 2,5 milliards de dollars par an.
A travers cette présélection d’entreprises devant exploiter et commercialiser le gaz torché, les autorités nigérianes visent plusieurs objectifs. D’abord, mettre fin au torchage de gaz et répondre aux exigences faites aux pays pétroliers de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. Cette opération devrait ainsi permettre au Nigeria de réduire de 15 millions de tonnes ses émissions de carbone dans l’atmosphère. Ensuite, en mettant fin au torchage, le Nigeria récupère plusieurs milliards de mètres cubes de gaz qu’il pourra utiliser, notamment pour produire de l’électricité et/ou l’exporter pour générer des devises.
Rappelons qu’au niveau mondial, selon les données du cabinet d’analyse et de conseil britannique GlobalData, le torchage fait perdre aux pays producteurs de pétrole et de gaz quelques 82 milliards de dollars par an.